Une brève histoire des Yakuza #8 Bibliographie sélective
20 sept. 2023Voici la liste des livres m'ayant aidé dans mes recherches. Bien entendu, celle-ci est non exhaustive. Ici vous ne trouverez pas de romans ou de manga, par contre, juste des biographies, des essais ou des enquêtes, N'hésitez pas à me donner vos propres choix en commentaire.
Retrouvez l'intégralité du dossier via les liens ci-dessous.
#1 Des origines obscures
#2 De l'ère Meiji à l'après-guerre
#3 Les années 1950 à 1990
#4 1992, le début de la fin ?
#5 Les années 2000
#6 Et aujourd'hui ?
#7 Des familles (des)unies pour le meilleur et pour le pire
#8 Bibliographie sélective
HS : Jake Adelstein
Tokyo Vice et Le dernier des yakuzas de Jake Adelstein (Marchialy Editions)
Tokyo Vice
Quand Jake Adelstein intègre en 1993 le service Police-Justice du plus grand quotidien japonais, le Yomiuri Shinbun, il n'a que 24 ans et il est loin de maîtriser les codes de ce pays bien différent de son Missouri natal. À Tokyo, il couvre en étroite collaboration avec la police les affaires liées à la prostitution et au crime organisé. Pour cela, il n'hésite pas à s'enfoncer dans les quartiers rouges de la capitale, dans les entrailles du vice et de la décadence. Approché par les yakuzas, il devient leur interlocuteur favori tout en restant un informateur précieux pour la police. Une position dangereuse, inédite et ambivalente, aux frontières du crime, qui incite Jake Adelstein à entrer dans un jeu dont il ne maîtrise pas les règles.
Le dernier des yakuzas
Makoto Saigo est clair : si Jake Adelstein écrit sa biographie, il lui sauvera la vie. En mauvaise posture, le journaliste raconte l'ascension de ce délinquant juvénile devenu yakuza. Le destin de Saigo se confond alors avec celui du gouvernement de l'ombre, entre tatouages traditionnels et affaires réglées au sabre. Cynisme et argent triomphent, et c'est chacun pour sa peau. Le sens de l'honneur devrait-il se perdre en chemin ?
Mémoire d'un Yakuza de Saga Jun'ichi (Philippe Picquier)
L'auteur, médecin, raconte l'histoire vraie de Ijichi Eiji, ancien chef yakuza atteint d'un cancer en phase terminale, qui lui raconte petit à petit sa vie, de sa jeunesse au début du XXe siècle jusqu'à la fin de la seconde Guerre mondiale.
L'approche de la mort est toujours un instant de vérité. Avant d'expirer, Ijichi Eiji, célèbre yakuza, confesse à son médecin comment il est devenu l'un des plus célèbres chefs du crime organisé au Japon. Ce récit palpitant nous emporte dans les arcanes d'une confrérie et de ses rituels. Des années après avoir fait fortune grâce aux tripots de jeu, le yakuza s'est repenti en se coupant un doigt. L'histoire vraie d'un joueur professionnel devenu gangster d'honneur.
Yakuza, la mafia japonaise d'Alec Dubro et David Kaplan (Philippe Picquier)
Difficile à trouver en neuf, la dernière édition datant de 2002, ce livre est très utile pour en savoir plus sur les yakuza. Les auteurs ont fait de véritables recherches sur la pègre. Même si cela date un peu, il n'y a donc pas les bouleversements récents que la mafia japonaise ait pu connaître, la grande majorité de ce livre reste une source viable.
Les yakuzas ont une légende : ils s'amputent l'extrémité des doigts en signe d'allégeance à leur parrain, arborent des tatouages d'une complexité inouïe pour prouver leur virilité et leur esprit de corps. La réalité est tout autre. Reconvertis dans les affaires, ayant pignon sur rue, les yakuzas forment aujourd'hui l'une des plus importantes organisations criminelles du monde : politique, finances, drogue, jeux, extorsion de fonds et crimes économiques. Le livre de David Kaplan et Alec Dubro, somme de vingt années de difficiles investigations, suit l'évolution de cette mafia japonaise qui a largement débordé ses frontières pour devenir un cartel aux ramifications mondiales. Un livre tabou jusqu'à il y a peu au Japon, tant il montre l'imbrication du milieu avec le monde politique et économique - et qui pourrait bien, vu l'ampleur de ses révélations, s'intituler " l'histoire secrète du Japon ".
Odo Yakuza Tokyo de Anton Kusters (en anglais)
Ce livre est un peu particulier. Le photographe belge Anton Kusters et son frère ont suivi pendant deux ans les membres d'une des familles qui contrôlent les rues de Kabukichō, au cœur de Shinjuku. Il en ressort un livre de photos où l'auteur nous montre, avec l'accord des membres, leur vie quotidienne, jusqu'à certains de leurs moments les plus intimes, notamment une séance de tatouage et les funérailles d'un chef yakuza. Les deux défauts de ce livre, sont pour moi, hormis son prix assez élevé (60 euros avec les ports), la qualité générale, le choix d'une softcover par exemple, et certaines photos qui semblent plus ''volées'', prises à la va vite, voire floues, que celles d'un livre de photographies ordinaires. C'est le choix de l'auteur, me direz-vous, mais je le regrette un peu. Il est impossible de trouver ce livre dans sa version française, mais il en est à sa troisième édition en anglais (2016) et est disponible sur le site d'Anton Kusters.
''Ce n'est pas à moi en tant que photographe de juger les Yakuza. Ce sont des criminels à coup sûr, et ils le savent eux-mêmes également. Mais ce n'est pas le but ici. Ils ont choisi leur chemin dans la vie, et c'est leur affaire, pas la mienne. Ils sont également humains, comme tout le monde. Mes photos ne visent en aucun cas à les juger, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Toute interprétation de mes images, d'une manière ou d'une autre, est dans l'œil du spectateur, et dans l'œil du spectateur seulement… comme cela devrait toujours être.'' (Interview donnée à Theclickbook en 2013).
Confessions d'un Yakuza de Masatoshi Kumagai et Murakami Tadashi (La Manufacture de livres)
J'ai lu ce livre pratiquement d'une traite. Je connaissais déjà Kumagai Masatoshi grâce au documentaire de Jean-Pierre Limosin, Young yakuza. Ce livre est, pour moi, un excellent complément à celui de Saga Junichi. On y suit le parcours d'un membre de la pègre, et pas n'importe lequel en plus. Même si les yakuza restent avant tout des criminels, on ne peut s'empêcher d'admirer Kumagai, sa vision du Ninkyōdō et sa détermination à toute épreuve.
«Un chef sans idéal ne jouit d’aucun prestige. Un chef qui se laisse déborder par la réalité, d’aucune confiance.» Les légendaires yakuzas, maîtres du crime organisé japonais, se structurent autour de trois grandes familles pour orchestrer la vie criminelle au pays du soleil levant. Parmi les leaders du clan Inagawa-kaï, Masatoshi Kumagaï fait régner un ordre nouveau. Après une ascension fulgurante, ce japonais deviendra le plus jeune des chefs yakuzas, ouvrant les activités de son clan aux trafics internationaux, apparaissant à visage découvert dans les médias, abordant son activité tel un formidable businessman et allant jusqu’à gravir les marches de Cannes pour promouvoir un documentaire qui lui est consacré... Dans ce livre contruit à partir d’une série d’entretiens avec Kumagaï, on découvre cet intriguant maître yakuza. Page après page, il nous révèle son parcours, les coulisses d’un monde loin des fantasmes et sa philosophie entre modernité et tradition, profit et code d’honneur.
Yakusa: Enquête au cœur de la mafia japonaise de Alexandre Sargos et Jérôme Pierrat (Flammarion)
Mené tambour battant par un duo français, ce livre, bien que datant de 2005, a le mérite d'être une vraie enquête, avec de nombreux témoignages, dont celui de Masatoshi Kumagai dont nous parlons ci-dessus. Il est vraiment intéressant, même si, comme beaucoup de livres traitant du sujet, certains aspects comme l'histoire des yakuza ou leurs traditions sont traitées de façon sommaire pour privilégier le côté ''enquête'' au cœur de la pègre nippone.
Pour la première fois, un livre dévoile l'univers secret de l'une des plus dangereuses mafias du monde. Fruit d'une enquête de plusieurs années et d'une véritable immersion dans différentes organisations, cet ouvrage met en lumière la vie quotidienne des yakusa japonais, celle des grands parrains comme de leurs troupes, des apprentis aux cadres en passant par les soldats. Les gangsters économiques du Kanto, les hommes de main du port de Yokohama, les jeunes apprentis de Tokyo, les hauts cadres dirigeants, avec limousines blindées et gardes du corps, des parrains à la gâchette facile, des détenus de la prison d'Osaka et bien d'autres encore... aucun ne manque au générique de cette réalité qui ressemble à un film d'action. Aussi étonnant que cela puisse paraître, la plupart ont même ouvert les portes de leurs bureaux aux auteurs pour les guider dans les bas-fonds du Japon, à la rencontre des dealers de rue, des quartiers de prostitution, des salles de jeux illégales, des chantiers du BTP et des usines de retraitement de déchets.
Ces livres plus récents peuvent également vous plaire.
L'Empire des yakuza : Pègre et nationalisme au Japon de Philippe Pelletier (Le cavalier bleu)
J'avoue avoir eu un peu de mal à entrer dans ce livre, pourtant écrit par une sommité, Philippe Pelletier étant enseignant-chercheur et géographe spécialiste du Japon. Je pense que c'est parce que l'auteur utilise beaucoup les livres ci-dessus, notamment ceux d'Alec Dubro et David Kaplan et Saga Jun'ichi, pour illustrer son propos, ce qui m'a donné une impression de ''déjà vu''. Cela n'enlève rien à la qualité du livre, rassurez-vous. Peut-être que, contrairement à moi, vous devriez commencer par celui-ci.
À l'instar du ninja et du samurai, le yakuza fait partie des figures imposées de la culture et de la société japonaise. Largement représenté dans la littérature et le cinéma, couvert de tatouages, phalange coupée, langage rude et violence soudaine, il fascine et interroge : comment cette structure archaïque et quasi-féodale peut-elle perdurer dans un Japon démocratique, industrialisé et technologique ? Pour comprendre et éviter le piège de l'essentialisation et du culturalisme, une comparaison avec d'autres pays, notamment la mafia née en Sicile, permet de dégager des éléments communs, mais aussi de mettre à jour la spécificité de la pègre japonaise : sa proximité avec l'extrême droite, dans l'idéologie comme dans l'action. S'appuyant sur un méticuleux travail de recherche et une analyse originale, Philippe Pelletier démontre ainsi comment les yakuza sont nés à un moment donné, en un lieu donné, en réponse à une demande politique qui interroge in fine sur deux éléments : la nature réelle de la démocratie japonaise et le rôle d'une figure tout aussi emblématique que le yakuza, celle de l'empereur.
Yakuza Tattoo de Andreas Johansson (Dokument Press)
Même s'il est en anglais, ce livre est fort intéressant et bourré de photos. L'auteur a eu l'occasion de rencontrer plusieurs yakuza pour les interviewer et les photographier, et ce en pleine guerre de clans. Il propose ainsi une étude unique sur les tatouages traditionnels liés à la pègre, où carpes, dragons et démons ont une place prépondérante.
"Je ne recommande pas de regarder des films sur les yakuzas avant de les rencontrer. Avant de partir, je craignais d'être menacé, abattu, poignardé, battu, victime de chantage, témoin de crimes ou arrêté ; la liste est longue lorsque vous travaillez sur un projet comme celui-ci. Pendant les semaines que j'ai passées avec les yakuzas, une guerre était en cours entre le clan que je décris dans mon livre et une famille rivale ; c'était une situation dangereuse, mais je savais qu'en dépit des films, les yakuzas ne sont pas connus pour leurs fusillades sauvages", explique Andreas. Il les a rencontrés dans les boîtes de nuit de Yokohama, les bars, les ruelles et chez eux. Yakuza Tattoo offre un aperçu unique des dragons, des carpes et des dieux associés à l'identité yakuza.
Le corps tatoué au Japon : Estampes sur la peau de Philippe Pons (Gallimard)
Plus généraliste, mais tout aussi intéressant, le livre de Philippe Pons revient aux origines du tatouage japonais. Celui-ci remonte à la Préhistoire comme l’attestent des statuettes en argile retrouvées dans des tombeaux de la période Jōmon et, beaucoup plus tard, servait, entre autres, à marquer les criminels.
Par son histoire et son esthétique, le tatouage japonais, remarquable par la richesse de son iconographie, l'équilibre de ses compositions, son raffinement dans les détails, est unique au monde. À travers une approche à la fois historique et anthropologique, des références littéraires et des entretiens avec des maîtres tatoueurs au cours des trente dernières années, se dessine un art populaire, replacé dans l'histoire sociale de l'archipel. Les "peaux de brocart" couvrant parfois le corps entier, caractéristiques de l'art traditionnel, ont peu en commun avec le tatouage de petite dimension qui bénéficie d'une popularité croissante auprès de la jeune génération japonaise. De jeunes tatoueurs s'inspirent aujourd'hui du travail de lignées de maîtres remontant à deux ou trois générations mais ne s'en dissocient pas moins par leur pratique, leur iconographie et leur état d'esprit.
Je vous invite à lire cet article de Univers du Japon pour en apprendre plus sur le tatouage au Japon.
Tokyo Detective: Enquêtes, crimes et rédemption au pays du Soleil-Levant de Jake Adelstein (Marchialy Editions)
Bien entendu, je ne peux que conseiller le 3e tome de la biographie de Jake Adelstein, devenu détective privé...
Après avoir fait tomber un des plus grands parrains de la mafia japonaise, l’ancien journaliste d’investigation Jake Adelstein s’est reconverti en détective privé, traquant les yakuzas devenus hommes d’affaires. Mais lorsqu’en 2011 la catastrophe de Fukushima s’abat sur le Japon, elle vient ébranler ses convictions les plus profondes : le mal est tombé là où il ne s’attendait pas et touche ses amis les plus proches. Le justicier est assailli de doutes : la vérité doit-elle être recherchée à tout prix ? Jake Adelstein va devoir décupler ses forces pour la révéler au grand jour.
SOURCES
japoninfos.com, kotoba.fr, franceculture.fr, 13emerue.fr, wikipedia.org, geo.fr, linkalearnsthings.wordpress.com, japanese-wiki-corpus.org, persee.fr, dossiers-bibliotheque.sciencespo.fr, letemps.ch, lesoir.be, lemonde.fr, xavier-raufer.com, wattpad.com, capital.fr, news.yahoo.co.jp, samurai-world.com, anomaly.fr, lopinion.fr, asahi.com, fnac.com (pour les résumés des livres du chapitrre 8)
LES IMAGES DE CET ARTICLE, SAUF MENTION CONTRAIRE, SONT ISSUES DE WIKIPEDIA.ORG