Le 1er mars 1992 , le gouvernement japonais fait voter une loi Anti-gang, qui est complétée par une loi Anti-blanchiment en 1993. Cette loi, censée réduire l'influence et la visibilité des yakuza, a de nombreuses conséquences, dont une diminution des effectifs et une rupture de l'équilibre avec la police. Les clans sont désormais dans l'obligation de se faire recenser. En contrepartie, ils profitent d'avantages financiers. S'ils refusent, ils se voient faire l'objet de représailles... administratives.

Un clan yakuza lors du Sanja Matsuri tenu en l'honneur des trois hommes qui ont fondé le Sensō-ji
Un clan yakuza lors du Sanja Matsuri tenu en l'honneur des trois hommes qui ont fondé le Sensō-ji

Selon les sources, cette loi de 1992 a plusieurs origines : les règlements de compte entre familles, les affaires de corruption d'hommes politiques et les scandales liés à l'éclatement de la bulle spéculative, une volonté par le gouvernement en place de refondre la police, mais également la chute de l'URSS qui voit s'éloigner la menace communiste et l'influence des États-Unis, qui après avoir encouragé son développement, voie la pègre japonaise s’installer sur le territoire américain. J'ajouterais que la nette dégradation de l'image des yakuza auprès du public a également favorisé la mise en place de ces mesures.

Les yakuza sont en déclin, obligés d'adapter leurs activités et de les cacher derrière des façades légales. 

C’EST L’ÈRE DE LA CLANDESTINITÉ

Ainsi, les trois plus grandes familles de l'époque modifient leur organisation : le Yamaguchi-gumi se transforme en partie en Ligue nationale pour l’épuration des terres (une association à but non lucratif consacrée à enrayer l’abus de drogues), l’Inagawa-kai devient les Industries Inagawa et le Sumiyoshi-gumi, l’Entreprise Hor35.

La loi est révisée en 2004, afin de lutter, entre autre, contre le chantage et le racket. Celle-ci intègre désormais une mesure qui rend les chefs de clans responsables en cas de dommages causés sur des personnes ou à des biens. En 2006, une ordonnance leur interdit de se réunir dans la rue, la police incite même les commerçants à coller des étiquettes leur interdisant d'entrer dans les magasins.

À la même époque, dans le documentaire Young Yakuza de Jean-Pierre Limosin, qui est présenté au Festival de Cannes de 2007,  Kumagai Masatoshi, le Kumichō du Kumagai-gumi, parle de cette situation et de celle des jeunes qui veulent devenir yakuza. Kumagai est un habitué des interviews, il en donnera même une autre à un média français, en 2011.

Plus récemment, en 2021, un livre contenant une partie de ses entretiens avec Mukaidani Tadashi est paru aux éditions La manufacture de livres (cf. chapitre 8).

Kumagai Masatoshi en 2015 © Csmonitor.com
Kumagai Masatoshi en 2015 © Csmonitor.com

Depuis le 1er octobre 2010, de nouvelles ordonnances, déclinées au niveau préfectoral, rendent illégales les relations entre population civile et yakuza. Les sociétés convaincues de les avoir financés ou d'avoir eu recours à leurs services, même en cas de racket, sont sujettes à de fortes amendes et à une confiscation de leurs biens.

Toutefois, les yakuza ne se cachent pas. On peut en croiser, déambulant dans leur quartier, avec, parfois, l'insigne de leur clan au revers de leur veste ou participant, leurs tatouages bien visibles, à un Matsuri.

Le Yamagushi-gumi publie même le Yamaguchi-gumi Shinpo, un magazine interne, entre 1984 et 2017. Celui-ci, tiré à 70 000 exemplaires dans les années 2000, contenait, entre autre, un édito du chef de clan prônant les valeurs traditionnelles des yakuza.

Myway Publishing cessa de publier Gekkan Jitsuwa Document, un tabloïd mensuel qui s'adressait aux membres du crime organisé en 2017 © Tokyo reporter
Myway Publishing cessa de publier Gekkan Jitsuwa Document, un tabloïd mensuel qui s'adressait aux membres du crime organisé en 2017 © Tokyo reporter

 

SOURCES

japoninfos.com, kotoba.fr, franceculture.fr, 13emerue.fr, wikipedia.org, geo.fr, linkalearnsthings.wordpress.com, japanese-wiki-corpus.org, persee.fr, dossiers-bibliotheque.sciencespo.fr, letemps.ch, lesoir.be, lemonde.fr, xavier-raufer.com, wattpad.com, capital.fr, news.yahoo.co.jp, samurai-world.com, anomaly.fr, lopinion.fr, asahi.com, fnac.com  (pour les résumés des livres du chapitrre 8)

LES IMAGES DE CET ARTICLE, SAUF MENTION CONTRAIRE, SONT ISSUES DE WIKIPEDIA.ORG

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