Assassin’s Creed Shadows : La province d'Iga

Outre Yasuke, Assassin’s Creed Shadows vous propose d’incarner Fujibayashi Naoe (藤林尚恵), une femme shinobi (1), c'est-à-dire une kunoichi (2), de Iga.

© Ubisoft
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La province d’Iga (伊賀国, Iga no Kuni) était une ancienne province du Japon située dans l’actuelle préfecture de Mie. Elle est célèbre pour son lien avec le ninjutsu et les clans de shinobi qui y prospèrent durant l’époque Sengoku. Le rôle des shinobi (忍び) est crucial durant cette période de troubles, et beaucoup de Daimyō font appel à leurs services, dont Oda Nobunaga (織田信長).

L'Iga-ryū (伊賀流), littéralement "L'école Iga", est aussi réputée que celle de Kōga-ryū. Mais il existent d'autres clans, comme le clan Fūma, au service des Go-Hōjō d'Odawara, dont je parle dans mon article sur le château d'Odawara. Citons également le clan Hattori, célèbre grâce à Hattori Hanzō (服部半蔵), un shinobi d'Iga qui se mettra au service du clan Tokugawa, après la chute de la province.

Chacun a ses spécialités. Ainsi, les clans d'Iga, comme le clan Fujibayashi ou le clan Momochi, sont réputés pour leur expertise dans les arts secrets, l’espionnage, l’assassinat et les techniques de sabotage.

Un statut qui ne plait pas à tout le monde

Localisation de l'ancienne province d'Iga.
Localisation de l'ancienne province d'Iga.

Iga, région montagneuse, difficile d'accès, est un terrain propice pour le développement de communautés isolées et, par extension, pour la formation des shinobi. Les clans d'Iga fonctionnent selon un système militaire très particulier, reposant, en partie, sur la guerre de guérilla, chose incompréhensible pour un samurai. Mais les différences avec le reste du Japon de l'époque ne s’arrêtent pas là. Par exemple, contrairement aux grandes provinces dominées par un Daimyō, Iga est une province où plusieurs clans indépendants coexistent et gouvernent collectivement, le Iga Sōkoku Ikki.

Le site Histoire du Japon indique : "Ces ligues étaient fondées sur l’idée de défense commune et unissaient les petits guerriers locaux (jizamurai, samurais attachés à la terre) et et les communautés agricoles des villages. Les guerriers formaient un ikki, une ligue guerrière jurée qui était associée au sô. La plupart de ces ligues étaient fondées sur un serment d’égalité prononcé dans un sanctuaire shintô significatif."

Ce qui, vous l'imaginez, n'est pas au goût de tout le monde...  Ainsi, même s'il se sert d'eux, cette indépendance est inacceptable pour Oda Nobunaga, qui cherche à unifier le Japon sous son contrôle et qui a déjà mis la main sur la province voisine d’Ise, en 1576.

La guerre Iga de Tenshō (天正伊賀の)

En 1579, son fils, Oda Nobukatsu (織田信雄), tente d'envahir Iga avec une armée de 8 000 à 10 000 hommes, selon les sources. Cependant, l'armée de Nobukatsu tombe dans de multiples embuscades et est complètement défaite par les forces d’Iga. Selon certaines sources, Oda Nobukatsu aurait lancé cette invasion sans en référer à son père. Ce manque de consultation aura des conséquences désastreuses et conduira à l'expédition punitive massive de 1581. En effet, Nobunaga perd des milliers d'hommes, mais cette initiative le discrédite quelque peu, que ce soit auprès de ses ennemis, comme de ses alliés. Il ne peut pas laisser passer cela.

Certains récits indiquent qu'il aurait même temporairement déshérité Nobukatsu pour son imprudence et que celui-ci fut à deux doigts du Seppuku...

En 1581, Nobunaga mobilise une force écrasante d’environ 40 000 soldats contre les quelques milliers de défenseurs d’Iga. Il adopte une approche méthodique : il fait incendier les villages, massacrer les habitants et détruire les sanctuaires un par un.  En novembre 1581, la chute du château de Kashiwabara marque la fin de la campagne d’extermination et à l’indépendance d’Iga. La province est, finalement, intégrée au domaine d’Oda et mise sous le contrôle de Nobukatsu.

Après la défaite d’Iga, de nombreux shinbobi sont tués, tandis que d’autres s’échappent et entrent au service de divers seigneurs, notamment Tokugawa Ieyasu (徳川 家康). D'ailleurs, certains survivants d’Iga contribuent à la fondation des célèbres services de renseignement des Tokugawa sous le shogunat.

Hattori Hanzō (服部 半蔵) fera parti de ces hommes. Nous y reviendrons certainement dans un article consacré aux shinobi.

Le château d'Iga Ueno est postérieur à l'extermination des clans d'Iga par Oda Nobunaga.
Le château d'Iga Ueno est postérieur à l'extermination des clans d'Iga par Oda Nobunaga.

BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE

Ninja: Unmasking the Myth de Stephen Turnbull (2017)
Ce livre explore la véritable histoire des ninjas, y compris leur rôle sous Nobunaga et Tokugawa.

Samurai Armies 1550–1615 de Stephen Turnbull (1979)
Fournit des détails sur l’utilisation des shinobi dans les guerres du XVIe siècle.

Samurai, Warfare and the State in Early Medieval Japan de Karl F. Friday (2004)
Aborde les tactiques militaires et le rôle du renseignement dans le Japon médiéval.

The Book of Ninja de Antony Cummins (2013)
Une traduction et analyse du Bansenshūkai, l’un des textes les plus importants sur le ninjutsu.

Shinchō Kōki (信長公記)
Biographie de Nobunaga écrite par son vassal Ōta Gyūichi, qui mentionne plusieurs aspects de son règne, dont son usage du renseignement et des agents infiltrés.

Bansenshūkai (萬川集海)
Compilations des connaissances des ninjas d’Iga et Kōga, bien que postérieures à l’époque de Nobunaga, elles font référence à l’histoire des shinobi au XVIe siècle.

© Stephen Turnbull

NOTES

(1) Popularisé au XXe siècle, le terme ninja (忍者) est une lecture plus moderne de shinobi. Utilisé dans la culture populaire, les romans, les films ou encore les mangas, il est, aujourd’hui, le terme dominant à l’international, bien que shinobi soit toujours utilisé dans un contexte historique.

(2) Bien que la majorité des shinobi reconnus dans l'histoire soient des hommes, des kunoichi (くノ一 / 女忍者), comme Fūma Kotarō (風魔小太郎) ou Mochizuki Chiyome (望月千代女) ont joué un rôle clé dans les missions d'espionnage et de sabotage pour leur clan respectif. Les kunoichi utilisaient souvent leur sexe et leur apparence pour obtenir des informations ou infiltrer des cibles. En raison des attentes sociales de l’époque, les femmes pouvaient souvent passer inaperçues ou obtenir des informations en se rapprochant de leurs cibles par des moyens considérés comme inoffensifs ou invisibles.

SOURCES

histoiredujapon.com, wikipedia.org, bujinkan-paris.fr

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