Le retour du Sumō en France

Les 13 et 14 juin 2026, l'Accor Arena (anciennement Bercy) accueillera le Tournoi de Paris de Sumō, marquant le retour de ce sport en France après plus de 30 ans d'absence. Cet événement réunira certains des meilleurs lutteurs dans une ambiance mêlant sport et culture japonaise.

Le dernier événement majeur remonte en effet à 1991, quand des lutteurs professionnels japonais sont venus à Paris pour une tournée de démonstration organisée par la Nihon Sumō Kyōkai (日本相撲協会), l'association japonaise de sumo. Cela s’est déroulé au Zénith de Paris, et c’était un événement marquant pour les amateurs de culture japonaise en France à l’époque.

Cette venue en France s’inscrit dans le cadre du centenaire de l'association, et vise à faire rayonner ce sport emblématique à l’international.

Les billets sont déjà en vente, avec des prix variant selon les places : les sièges les plus proches du ring peuvent atteindre 2 000 €, tandis que des billets plus abordables sont disponibles à partir de 81 €.

Rendez-vous sur les sites de réservation, comme Ticketmaster ou la Fnac.

Londres 2025 : un retour historique

En amont du tournoi parisien, du 15 au 19 octobre 2025, le Royal Albert Hall de Londres accueillera également un tournoi, marquant le retour de ce sport au Royaume-Uni après 34 ans d'absence. Environ 40 lutteurs de la division makuuchi participeront à cet événement de cinq jours, qui comprendra des combats, des cérémonies traditionnelles et des démonstrations culturelles japonaises.

La division makuuchi ?

La division makuuchi (幕内) est le plus haut niveau dans la hiérarchie de ce sport traditionnel japonais. Elle regroupe les 42 meilleurs lutteurs professionnels de tout le Japon (et du monde, puisque certains viennent de Mongolie, de Géorgie...). À son sommet, trônent les catégories de champions, appelés san'yaku (三役), qui regroupent yokozuna (横綱), ōzeki (大関), sekiwake (関脇) et komusubi (小結). On parle ici de rang et non de niveau.

Le sumo, plus qu'un sport, une tradition millénaire

N'en déplaise à certains, le sumō (相撲) n'est pas un spectacle, il s'agit d'un sport à part entière et les rikishi (力士), également appelés sumōtori (相撲取り) sont de véritables athlètes.

Ses origines remontent à la mythologie : selon le Kojiki (古事記), le kami Takemikazuchi (建御雷神) affronte Takeminakata (建御名方神) pour décider du destin des îles japonaises. Ce combat fondateur donne naissance à une tradition où l’on lutte pour plaire aux kami (神) et assurer de bonnes récoltes.

Dès le VIIIᵉ siècle, à la cour de l’empereur Kanmu (桓武天皇), le sumō devient une cérémonie officielle : les sechie-zumō (節会相撲) mêlent combats, musique et arts martiaux. Plus tard, les shogunats de Kamakura (鎌倉幕府) et d’Edo (江戸幕府) en font un art martial prisé des samurai. En 1578, Oda Nobunaga (織田信長) organise un tournoi géant à Kyōto (京都), traçant les premiers cercles du dohyō (土俵) moderne.

Sous Edo, tout se structure : écuries (heya, 部屋), rangs (makuuchi, 幕内 ; yokozuna, 横綱), cérémonies du dohyō-iri (土俵入り). Le sumō devient un spectacle populaire, soutenu par les temples et les mécènes. À l’ère Meiji (明治時代), malgré une brève crise, l’empereur réaffirme son prestige.

Aujourd’hui, le sumō évolue sans renier ses racines. Il accueille des champions venus de Mongolie, de Géorgie ou du Brésil, tout en conservant ses rituels shintō.

Lexique

Banzuke (番付)

Classement officiel des lutteurs, affiché avant chaque tournoi (basho). Il est établi selon leurs résultats passés.

Basho (場所)

Nom donné aux tournois officiels. Il y en a six par an, à Tokyo, Ōsaka, Nagoya et Fukuoka.

Chonmage (丁髷)

La coiffure traditionnelle des lutteurs, en chignon. Les rikishi de haut rang ont un chignon en forme de feuille de ginkgo.

Dohyō (土俵)

Le cercle sacré d’argile où se déroule le combat. Il est entouré de cordes de paille (tawara) et considéré comme un espace rituel.

Dohyō-iri (土俵入り)

Cérémonie d’entrée dans l’arène. Les lutteurs de la division makuuchi y participent en portant leur kesho-mawashi.

Gyoji (行司)

L’arbitre du combat. Il annonce les noms, donne le départ, et désigne le vainqueur avec un éventail (gunbai). Il y a plusieurs grades de gyoji.

Gunbai (軍配)

L’éventail que l’arbitre utilise pour diriger le combat et désigner le vainqueur.

Heya (部屋)

Écurie ou école d’un lutteur. C’est là qu’il vit, s’entraîne et suit une discipline très stricte.

Hōshōryū (豊昇龍)

L’un des deux yokozuna en 2025. Mongol, neveu du célèbre Asashōryū, il est promu en janvier 2025.

Ichimon (一門)

Regroupement d’écuries affiliées entre elles, souvent par tradition ou lignée.

Jūryō (十両)

La deuxième division professionnelle. Les lutteurs y gagnent le statut de sekitori, avec un salaire et plus de confort.

Kimarite (決まり手)

La technique de victoire. Il en existe officiellement 82 reconnues par l’Association japonaise de sumo.

Kesho-mawashi (化粧廻し)

Ceinture d’apparat richement décorée, portée pendant les cérémonies mais jamais en combat.

Makuuchi (幕内)

La division la plus élevée. Elle regroupe 42 rikishi répartis en plusieurs rangs : maegashira, komusubi, sekiwake, ōzeki et yokozuna.

Maegashira (前頭)

Les rangs numérotés dans la division makuuchi. Le plus haut est maegashira 1.

Matta (待った)

Fausse départ. Si l’un des deux rikishi ne touche pas correctement le sol au moment du tachiai, le combat est annulé et recommencé.

Mawashi (廻し)

Ceinture de coton ou de soie nouée autour de la taille, servant à agripper son adversaire. Elle est la seule tenue portée en combat.

Ōzeki (大関)

Le deuxième plus haut rang. Un lutteur doit avoir des résultats exceptionnels sur trois tournois pour y accéder. Il peut être rétrogradé s’il enchaîne deux mauvais tournois.

Onosato (大の里)

Nouveau yokozuna japonais en 2025. Promu après 13 tournois seulement, il incarne une nouvelle ère du sumo.

Rikishi (力士)

Nom officiel des lutteurs de sumo. Cela signifie littéralement « homme de force ».

Sekitori (関取)

Statut réservé aux lutteurs des deux premières divisions (jūryō et makuuchi). Ils perçoivent un salaire, ont des serviteurs (tsukebito) et un statut plus élevé.

Shikiri (仕切り)

Phase de préparation avant le combat. Les deux rikishi s’affrontent du regard, s’alignent et tentent de se déstabiliser mentalement.

Shikona (四股名)

Le nom de ring d’un lutteur. Il est souvent inspiré de la nature, de divinités ou de figures historiques.

Shimpan (審判)

Juges qui entourent le dohyō. Ils peuvent contester la décision de l’arbitre et ordonner un nouveau combat (torinaoshi).

Tachiai (立ち合い)

L’impact initial du combat, lorsque les deux rikishi se jettent l’un sur l’autre à pleine puissance.

Torinaoshi (取り直し)

Reprise du combat si la décision initiale est contestée ou si les juges estiment qu’il n’y a pas de vainqueur clair.

Tsukebito (付け人)

Serviteurs ou assistants des sekitori, souvent des jeunes lutteurs de rang inférieur.

Yokozuna (横綱)

Le rang suprême du sumo. Un yokozuna doit allier force, dignité et constance. Il ne peut pas être rétrogradé : s’il est en difficulté, il est censé se retirer. En 2025, ce rang est occupé par Hōshōryū Tomokatsu (豊昇龍 智勝), originaire de Mongolie, et Ōnosato Daiki (大の里 泰輝).

Hōshōryū Tomokatsu (豊昇龍 智勝)
Hōshōryū Tomokatsu (豊昇龍 智勝)

Bref, le retour du sumō en France n’est pas seulement un événement sportif : c’est une passerelle tendue entre deux cultures. Voir les meilleurs lutteurs de la discipline fouler le dohyō parisien, c’est l’occasion de redécouvrir un art millénaire, toujours vivant, toujours en mouvement. À travers les cérémonies, les combats, les tenues, chaque geste résonne avec l’histoire du Japon et ses racines shintō. 

Et pour ceux qui aiment le Japon sous toutes ses formes, c’est un moment à ne pas manquer.

SOURCES

aegpresents.fr, ticketmaster.fr, billetterie.accorarena.com

IMAGE DE COUVERTURE

© Nihon Sumō Kyōkai / Accor Arena

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article