J’en ai déjà parlé, mais il est difficile de ne pas y revenir : depuis le début de l’année 2025, les prix flambent au Japon – et en particulier celui du riz, pilier de la table japonaise. En mars, les chiffres publiés par Nippon.com sont sans appel : le sac de riz de 5 kg dépasse désormais les 4 200 yens (environ 26 euros à l'heure où j'écris ces lignes). En un an, le prix a littéralement doublé. Cette inflation frappe de plein fouet les ménages japonais, mais aussi les professionnels de l’alimentation.
Depuis treize semaines, les prix du riz ne cessent d’augmenter. Le gouvernement tente bien de limiter la casse en libérant 210 000 tonnes de riz issues des réserves nationales, mais cela reste, pour l’instant, sans effet notable. Le ministre de l’Agriculture, Etō Taku (江藤 拓), a indiqué que ces distributions se poursuivraient jusqu’à la commercialisation de la récolte 2025.
Cette tension sur les prix se propage dans les rayons des supermarchés et jusque dans les restaurants populaires. L’entreprise Satō Foods (佐藤食品工業) a augmenté de 14 % le prix de ses paquets de riz instantané en décembre dernier, et prévoit une nouvelle hausse dès le mois de juin. Les chaînes comme Sukiya (すき家) et Yoshinoya (吉野家) ont ajusté les prix de leurs gyūdon, et les konbini revoient à la hausse les tarifs de leurs onigiri et bentō.
Face à ces difficultés économiques, certaines préfectures japonaises prennent les devants. Selon une enquête menée par Kyodo News, 18 préfectures sur 47 ont déjà mis en place des programmes d’aide financière pour soutenir les entreprises touchées par les conséquences des tensions commerciales internationales, notamment avec les États-Unis. Neuf autres préfectures prévoient de suivre ce mouvement.
La préfecture de Tottori (鳥取県), par exemple, propose des prêts à taux préférentiel pouvant aller jusqu’à 3 milliards de yens, afin d’aider les petites entreprises agricoles et alimentaires confrontées à des pertes. Fukuoka (福岡県) lancera, quant à elle, un programme de soutien spécifique ce jeudi.
Même si l’article de Kyodo News ne fait pas de lien explicite avec l’augmentation du prix du riz, il illustre bien la manière dont les collectivités locales tentent de protéger leur tissu économique. Dans un contexte où l’agriculture, l’industrie alimentaire et la consommation intérieure sont sous tension, ces mesures prennent tout leur sens.
Le Japon, dont l’autosuffisance alimentaire repose largement sur le riz, entre dans une période délicate. Les hausses de prix, si elles se poursuivent, pourraient non seulement affecter le quotidien des familles japonaises, mais aussi remettre en question des habitudes de consommation profondément ancrées dans la culture du pays.
La question reste entière : les récoltes de 2025 suffiront-elles à inverser la tendance ?
nippon.com, english.kyodonews.net
Illustration générée par Intelligence Artificielle, réalisée avec ChatGPT, 2025.