Le 10 octobre est la Journée mondiale contre la peine de mort.

Selon Amnesty International, 112 pays ont aboli la peine de mort pour tous les crimes, dont la France. Les exécutions recensées par l'ONG en 2022 (sans compter les milliers qui ont probablement eu lieu en Chine) ont connu une hausse substantielle de 53 % par rapport à 2021, passant de 579 à 883. Il s’agit du nombre le plus élevé enregistré par l’organisation depuis 2017 (993).

Historiquement, le Japon a une longue histoire avec la peine de mort. Vraisemblablement établie à l'origine du pays, elle est abolie par l'empereur Shōmu (聖武天皇), sous l’influence du bouddhisme, en 724. Néanmoins elle est remise en place à la suite de la Rébellion de Hōgen (保元の乱), en 1156, où les trois plus puissants clans de l'époque, les Minamoto, les Taira et les Fujiwara, se lancent dans une lutte pour la domination de la cour impériale de Kyōto.

La méthode d'exécution actuellement utilisée est la pendaison, jugée constitutionnelle depuis 1955. Sept prisons sont équipées d'une salle d'exécution, chacune affectée à l'une des cours d'appel du pays, à savoir Sapporo, Sendai, Tōkyō, Nagoya, Ōsaka, Hiroshima et Fukuoka. La peine de mort est souvent appliquée après des meurtres ayant choqué la société, comme l'exécution des 13 membres de la secte Aum Shinrikyō (オウム 真理教) en 2018 ou celle de Katō Tomohiro en 2022 - Pour rappel, celui-ci avait foncé en plein jour sur des passants avec un camion avant de sortir du véhicule et de poignarder des gens au hasard dans la foule, faisant sept morts et dix blessés. - et ne concernerait, selon Nippon.com, qu'environ 1 % des jugements rendus au Japon pour des crimes auxquels elle pourrait être appliquée.

En effet, en 1983, la Cour suprême du Japon a estimé que la peine de mort ne pouvait s'appliquer que « lorsque la responsabilité de l'auteur du crime est extrêmement grave et que la peine maximale est inévitable du point de vue de l'équilibre entre le crime et le châtiment ainsi que du point de vue général de la prévention ».

Elle définit, dans cette décision, les ''critères de Nagayama'', du nom de Nagayama Norio qui, 18 ans, tue quatre personnes au pistolet en 1968. Condamné à mort, puis à la prison à vie en 1981, la Cour Suprême juge qu'il mérite la peine de mort en 1983. Il est finalement exécuté en 1997.

Ces critères, selon lesquels les juges doivent prendre leur décision, sont la nature du crime, le motif du crime, les modalités du crime, en particulier la persistance et la cruauté du moyen de mise à mort, la gravité des conséquences du crime, en particulier le nombre de victimes tuées,  les sentiments des proches en deuil, les effets sociaux du crime, l'âge du criminel, les antécédents de l'auteur du crime et les circonstances qui suivent l'accomplissement du crime.

Outre la peine de mort, les ONG ne cessent de dénoncer les conditions d'incarcération des prisonniers. Selon un article du journal Le Monde, paru en juillet 2022, suite à l'exécution de Katō : « Ces exécutions sont menées dans une relative indifférence qui permet de maintenir le système dans une certaine opacité. Confinés dans un des sept centres de détention spéciaux du pays, les condamnés croupissent dans des cellules individuelles de 6 mètres carrés, sous l’œil d’une caméra activée en permanence. La journée, ils doivent rester assis. La lumière reste allumée la nuit pour empêcher les suicides. L’isolement affecte parfois leur raison. Il y aurait des mauvais traitements. ».

Idem pour les annonces, les condamnés étant avertis de leur exécution le jour même. Et si, selon la loi japonaise, la peine de mort doit être appliquée six mois après avoir été confirmée par la Cour suprême, certains prisonniers attendent pendant de nombreuses années avant le jour de l'exécution.

Toutefois, si le sujet fait toujours débat au Japon, près de 80% des personnes interrogées en 2020 considéraient celle-ci comme nécessaire.

 

 

(Nippon.com)
(Nippon.com)

 

Je ne peux que vous inviter à lire cet article de Sakamoto Toshio, écrivain, employé comme gardien de prison à la prison d’Ōsaka en 1967, ainsi que le rapport mondial d'Amnesty International ''CONDAMNATIONS ET EXÉCUTIONS À MORT 2022''.

 

SOURCES

Nippon.com, Wikipedia.org, amnesty.fr


PHOTO DE COUVERTURE

Une action d'Amnesty International au Japon (YOSHIKAZU TSUNO/AFP/Getty Images)

Des militants des droits de la personne manifestent contre la peine de mort au Japon, lors d'un rassemblement à Tokyo, en novembre 2008..(AFP / YOSHIKAZU TSUNO)

Des militants des droits de la personne manifestent contre la peine de mort au Japon, lors d'un rassemblement à Tokyo, en novembre 2008..(AFP / YOSHIKAZU TSUNO)

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