Suite à mon article sur les rescapés des bombardements atomiques, je réalise que je n’ai jamais abordé cette facette, plus sombre, du Japon : sa participation à la Seconde Guerre mondiale. Cette période que beaucoup préféreraient oublier, où le pays s’engage dans un conflit aux conséquences terribles.
L’entrée en guerre du Japon en 1941 s’inscrit dans une dynamique impérialiste et militariste amorcée bien avant. Ce processus remonte au XIXᵉ siècle, dans un contexte d’humiliation nationale face aux puissances occidentales.
En 1853, l’arrivée du commodore américain Matthew Perry force le Japon à sortir de plus de deux siècles d’isolement, période connue sous le nom de Sakoku (鎖国). Face à l’ultimatum présenté par la flotte américaine, le shogunat Tokugawa accepte d’ouvrir des ports au commerce, inaugurant une série de traités inégaux avec les États-Unis, puis avec d’autres puissances occidentales, comme la France. Ces accords défavorables, qui limitent la souveraineté du Japon, imposent des tarifs douaniers fixes et accordent l’extraterritorialité aux ressortissants étrangers, provoquent un fort sentiment d’humiliation nationale.
Cette situation déclenche une grave crise politique. Une partie de l’aristocratie et des clans samurai influents, notamment ceux de Satsuma (薩摩) et de Chōshū (長州), dénoncent l’impuissance du shogunat face aux puissances étrangères. Ils se rangent derrière l’Empereur et réclament la restauration de son autorité. Cette opposition culmine en 1868 avec la guerre de Boshin (戊辰戦争), un conflit civil entre les troupes du Shōgun Tokugawa et les partisans de l’Empereur. Vainqueurs, ces derniers mettent fin au régime des Tokugawa et instaurent une nouvelle ère : l’ère Meiji.
Ce changement s’accompagne d’une modernisation rapide de l’État, de l’armée et de l’économie, inspirée des modèles occidentaux, mais guidée par une idéologie nationaliste centrée sur l’Empereur et la fierté d’un peuple désireux de ne plus jamais subir de domination étrangère. Le mot d’ordre devient : rattraper, puis dépasser l’Occident. Cette ambition mènera le Japon à développer une armée puissante et une industrie performante. Toutefois, cette modernisation s'accompagne rapidement d'un impérialisme agressif. Le Japon entend devenir à son tour une puissance coloniale en Asie :
L'idéologie impérialiste japonaise, portée par l'armée, s'intensifie dans les années 1920 et 1930. Face à la crise économique mondiale, les militaires prennent une place centrale dans le gouvernement. L'ultranationalisme se renforce, et la presse, l'école et l'armée diffusent un discours de suprématie raciale et de destin asiatique.
En 1926, Hiro-Hito (裕仁) succède à son père, l’Empereur Taishō (大正天皇), souvent jugé faible et malade, ce qui place d’emblée de lourdes attentes sur ses épaules. Élevé dans un cadre strict et traditionnel, imprégné de la sacralité impériale, il est préparé dès son plus jeune âge à incarner le symbole vivant de l’État japonais et de son unité, selon les principes du shintoïsme impérial, qui considèrent l’Empereur comme un descendant direct de la déesse Amaterasu (天照大神). Cette éducation, très formelle et isolante, le place au centre d’un système où son autorité est quasi divine, même si dans les faits, son pouvoir politique reste limité pendant une grande partie de son règne. Ce contexte influencera profondément sa manière d’aborder la guerre et son rôle pendant cette période cruciale de l’histoire japonaise.
En 1931, prétextant un sabotage chinois, l'armée japonaise envahit la Mandchourie et y installe un État fantoche, le Manshūkoku (満州国), dirigé nominalement par Puyi (溥儀), le dernier Empereur de Chine. Cette action unilatérale est condamnée par la Société des Nations, que le Japon quitte en 1933, affirmant ainsi son rejet de l'ordre international.
En 1937, l'incident du pont Marco Polo déclenche la Seconde Guerre sino-japonaise, marquée par des atrocités de masse comme le massacre de Nankin (voir plus bas). Le Japon poursuit sa conquête du continent asiatique avec une brutalité croissante. En 1940, il signe le Pacte tripartite avec l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste, scellant une alliance autoritaire contre les démocraties occidentales.
Enfin, en 1941, après l'invasion de l'Indochine française et un embargo occidental sur le pétrole, le Japon lance l'attaque sur Pearl Harbor.
Le 7 décembre 1941 (8 décembre au Japon), les forces japonaises lancent une attaque surprise contre la base navale militaire américaine de Pearl Harbor, à Hawaï. L'objectif est d'anéantir la flotte du Pacifique avant qu'elle ne puisse s'opposer à l'expansion japonaise en Asie du Sud-Est. L'opération, coordonnée par l'amiral Yamamoto Isoroku (山本五十六), provoque l'entrée immédiate des États-Unis dans la guerre.
Ce qui choque particulièrement la communauté internationale, c’est que cette attaque, bien que ciblant une installation militaire stratégique, intervient sans déclaration formelle de guerre préalable. La communication diplomatique japonaise, censée annoncer la rupture des relations avec les États-Unis, arrive en retard, après le début de l’assaut. Cette violation des règles internationales, notamment des conventions de La Haye de 1907 qui exigent qu’une déclaration de guerre ou un avertissement soit donné avant toute hostilité, est sévèrement condamnée.
Cependant, Pearl Harbor n’est pas un cas isolé d’attaque surprise sans déclaration officielle :
Ces exemples ne cherchent en aucun cas à excuser ou justifier l’attaque de Pearl Harbor, qui reste un acte militaire d’une extrême gravité. Ils visent seulement à replacer cet événement dans un contexte historique plus large, où les attaques surprises sans déclaration formelle, bien que condamnables, ont déjà existé.
Le Japon déclare simultanément la guerre au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, au Canada, à l'Australie et à plusieurs autres puissances. L'armée impériale lance des offensives éclairs contre la Malaisie, les Philippines, les Indes néerlandaises et Hong Kong. En quelques mois, l'Empire contrôle une vaste zone s'étendant de la Birmanie à la Papouasie.
Cet expansionnisme s'inscrit dans le Daitōa kyōeiken (大東亜共栄圏), la doctrine de la sphère de coprospérité de la grande Asie orientale, censée libérer les peuples asiatiques du colonialisme occidental. En réalité, cette domination s'accompagne d'une exploitation brutale des ressources et des populations locales.
Donc, dès 1937, le Japon se transforme en un État militarisé, où chaque citoyen est enrôlé dans l'effort de guerre. Le gouvernement, dirigé par le général Tōjō Hideki (東條英機) dès 1941, centralise tous les moyens de production et contrôle étroitement l'information.
Les écoles enseignent la soumission à l'Empereur et glorifient la mort pour la patrie. Les enfants apprennent à manier les armes en classe. Les femmes sont mobilisées dans les usines d'armement et dans des organisations patriotiques. Le gouvernement impose une censure totale sur les défaites militaires, les bombardements et les souffrances de la population.
Les campagnes de propagande diffusent une image idéalisée de la guerre comme devoir sacré. Le culte de l'Empereur Hiro-Hito, présenté comme être divin, justifie tous les sacrifices.
L’expansion militaire japonaise en Asie s’accompagne malheureusement d’une série de crimes de guerre majeurs, largement documentés par les historiens et reconnus par la communauté internationale.
Le plus emblématique est le massacre de Nankin (南京大虐殺) en décembre 1937. Après la chute de la ville chinoise, les troupes japonaises perpètrent des exécutions sommaires, viols de masse, tortures et pillages, causant la mort de plusieurs centaines de milliers de civils et soldats désarmés selon les estimations. Ce massacre est l’un des symboles les plus sombres de la brutalité japonaise en Chine.
D’autres exactions sont aussi documentées, notamment :
Les survivants, souvent traumatisés à vie, témoignent de violences systématiques : coups, humiliations, exécutions sommaires, usage de cobayes humains pour les expériences médicales, voire cannibalisme dans certains cas extrêmes documentés.
Ces actes sont souvent passés sous silence ou niés dans certains milieux, notamment ultranationalistes, mais ils sont reconnus par de nombreux rapports historiques et commissions internationales/
Les conséquences de l’expansion impérialiste japonaise dépassent le cadre militaire ou territorial. En Asie, les souvenirs des occupations, des massacres, de l’esclavage sexuel ou des camps restent vifs. Malgré des excuses formulées à plusieurs reprises par les autorités japonaises, certains gestes politiques, comme les visites officielles au sanctuaire Yasukuni (靖国神社), ou les manuels scolaires minimisant les crimes de guerre, ravivent régulièrement les tensions.
Ainsi, les relations du Japon avec ses anciens territoires occupés, notamment la Chine, la Corée du Sud, les Philippines ou les Pays-Bas (au nom de leurs ressortissants coloniaux), n'ont plus jamais été les mêmes.
Cette mémoire blessée continue de peser sur les relations diplomatiques en Asie de l’Est, près de 80 ans après la fin du conflit. Et cet héritage tragique est un rappel important de la violence impérialiste japonaise avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, qu’il ne faut jamais oublier dans l’analyse des événements.
Prisonniers de guerre australiens et néerlandais souffrant de béribéri, une maladie causée par un déficit en vitamine B1 .
Après les succès initiaux du Japon entre 1941 et début 1942, la dynamique s’inverse progressivement. Dès le printemps 1942, les États-Unis reprennent l’initiative dans le Pacifique avec une série d’opérations décisives.
La bataille de la mer de Corail (mai 1942) marque un premier coup d’arrêt à l’expansion japonaise vers l’Australie. C’est aussi la première bataille navale entièrement livrée par avions interposés, sans affrontement direct entre navires.
Quelques semaines plus tard, la bataille de Midway (juin 1942) bouleverse le rapport de force. L’aviation embarquée américaine coule quatre porte-avions japonais. Cette victoire stratégique met un terme à l’expansion nippone et amorce une longue phase de reconquête alliée.
S’ouvre alors la campagne des îles Salomon, avec notamment la sanglante bataille de Guadalcanal (août 1942 – février 1943). Les combats y sont éprouvants, à la fois sur terre, en mer et dans les airs. Cette guerre d’usure épuise les forces japonaises, qui peinent à remplacer leurs pertes.
À partir de là, les États-Unis mettent en œuvre la stratégie du "leapfrogging" : prendre le contrôle d’îles-clés, une par une, pour se rapprocher du Japon tout en isolant les garnisons ennemies. Des batailles féroces s’enchaînent : Tarawa, Saipan, Peleliu, Iwo-Jima...
La plus terrible reste la bataille d’Okinawa (avril – juin 1945), dernière grande étape avant l’invasion envisagée de l’archipel japonais. Pendant près de trois mois, civils et militaires meurent par dizaines de milliers. Le recours massif aux kamikaze (神風), les bombardements intensifs et la résistance désespérée de l’armée impériale annoncent le chaos d’une future invasion.
Pour certains, c’est à Okinawa que les Américains prennent conscience du coût humain exorbitant d’une attaque directe sur le Japon. Un élément déterminant dans la décision qui sera prise quelques semaines plus tard.
Dès la fin de l’année 1944, alors que le Japon perd progressivement ses capacités offensives, l’armée impériale met en place des unités spéciales d’attaque suicide : les kamikaze (神風), littéralement "vent divin", en référence aux typhons mythiques qui ont sauvé le Japon des invasions mongoles au XIIIᵉ siècle.
Ces jeunes pilotes, souvent à peine formés, se jettent volontairement avec leurs avions chargés d’explosifs sur les navires ennemis. Le 25 octobre 1944, lors de la bataille du golfe de Leyte, a lieu la première attaque kamikaze organisée. Par la suite, cette stratégie se généralise.
Entre octobre 1944 et août 1945, on estime que près de 3 800 kamikaze se sont sacrifiés, causant la mort de plus de 7 000 soldats alliés (essentiellement américains) et la destruction ou l’endommagement de plus de 300 navires, dont environ 34 coulés.
C’est surtout durant la bataille d’Okinawa que leur usage atteint son paroxysme : plus de 1 500 attaques sont recensées, parfois menées par des adolescents de 17 ans. Malgré leur faible efficacité stratégique, leur impact psychologique est immense. Les marins américains vivent dans la terreur constante de ces attaques imprévisibles.
Un Yokosuka MXY-7 Ohka (櫻花), un avion kamikaze spécialement construit à cette fin vers la fin de la guerre. es marins américains ont surnommé ces bombes volantes "baka" (du japonais pour stupide).
À ceci s'ajoute des unités kamikaze maritimes. Ces opérations impliquent des petits navires, comme les kaiten (回天), des torpilles humaines pilotées, et les shin'yō (震洋), des embarcations rapides chargées d’explosifs. Ces unités, lancées principalement à partir de 1944-1945, visent à couler les navires alliés par des attaques-suicides, prolongeant la logique du sacrifice jusqu’en mer.
Ce recours massif au sacrifice révèle l’état de désespoir du commandement impérial, prêt à mobiliser chaque vie jusqu’à la dernière. Côté japonais, le mythe de l’honneur et du sacrifice pour l’empereur est entretenu par une propagande qui glorifie ces jeunes "héros". Mais dans les faits, beaucoup sont contraints, et partent à la mort avec résignation plus que ferveur.
Malgré les défaites militaires, les bombardements intensifs et l’approche des forces alliées, le Japon refuse de capituler jusqu’en août 1945. Plusieurs raisons expliqueraient cette ténacité :
À partir de 1944, les États-Unis mettent en place une stratégie de bombardement intensif visant directement les villes japonaises. Avec l'installation de bases sur les îles Mariannes (dont Saipan), l'aviation américaine dispose de B-29 capables d'atteindre le territoire japonais.
Le 9 mars 1945, l'opération Meetinghouse détruit la majeure partie de Tōkyō dans un incendie gigantesque provoqué par des bombes incendiaires. Près de 100 000 personnes y trouvent la mort en une nuit, ce qui en fait le bombardement le plus meurtrier de l'histoire après Hiroshima et Nagasaki.
Près de 60 villes japonaises sont touchées, parmi lesquelles :
| Ville | Date principale du bombardement | Morts estimés | Type de bombardement |
| Tōkyō | 9-10 mars 1945 | ∼ 100 000 | Bombes incendiaires |
| Ōsaka | 13 mars et juin 1945 | ∼ 10 000 | Bombes incendiaires |
| Nagoya | Mars - juin 1945 | ∼ 3 800 | Bombes incendiaires |
| Kōbe | 16-17 mars 1945 | ∼ 8 000 | Bombes incendiaires |
| Hiroshima | 6 août 1945 | ∼ 140 000 (fin 1945) | Bombe atomique |
| Nagasaki | 9 août 1945 | ∼ 74 000 (fin 1945) | Bombe atomique |
Selon les estimations croisées du Japan Center for Asian Historical Records (JACAR), du National WWII Museum (USA) et de l'historien Richard B. Frank, le total des morts civils au Japon causés par les bombardements aériens s'élève à environ 400 000 entre 1944 et 1945, sans oublier les millions de sans-abri.
Les bombardements affectent aussi gravement les infrastructures, la logistique et l'approvisionnement du pays. Les survivants, notamment ceux d'Hiroshima et Nagasaki, subissent en plus des traumatismes physiques et psychologiques durables.
Finalement, la double menace de la bombe atomique et de l’invasion soviétique (le 8 août 1945, l’URSS déclare la guerre au Japon) finit par briser la résistance. L’Empereur Hiro-Hito décide alors d’intervenir personnellement pour ordonner la reddition, ce qui était sans précédent.
[...] Nous avons ordonné à notre gouvernement d’informer les gouvernements des États-Unis, de la Grande‑Bretagne, de la Chine et de l’Union soviétique que notre Empire accepte les dispositions de leur Déclaration conjointe.
[...] De plus, l’ennemi a commencé à employer une bombe nouvelle et des plus cruelles... Si nous poursuivions le combat, cela aboutirait non seulement à l’effondrement ultime et à l’anéantissement de la nation japonaise, mais cela conduirait aussi à l’extinction totale de la civilisation humaine. Dans ces conditions, comment pourrions-nous sauver les millions de nos sujets...
Le 15 août 1945, des millions de Japonais restent donc figés autour de leur poste de radio. Pour la première fois, ils entendent la voix de l’Empereur Hiro-Hito — qui annonce la reddition du Japon dans un discours exceptionnel, le Gyokuon-hōsō (玉音放送). Dans un langage volontairement formel, il y exprime sa volonté d’endurer l’insupportable pour épargner davantage de souffrances au peuple japonais.
Le 2 septembre 1945, la capitulation est signée officiellement à bord du cuirassé USS Missouri, ancré dans la baie de Tōkyō. La Seconde Guerre mondiale prend fin.
Le Japon est un pays en ruines : des villes entières ont été rasées, plus de trois millions de morts sont à déplorer, et l’économie nationale est paralysée. Le traumatisme est immense, tant chez les survivants des bombardements que dans l’ensemble de la population confrontée à la défaite et à l’occupation américaine, dirigée par le général américain Douglas MacArthur. Pendant sept ans (1945–1952), le pays est placé sous l’autorité des forces alliées, essentiellement américaines.
Pourtant, cette dévastation ouvre paradoxalement la voie à une reconstruction en profondeur. Sous l’impulsion des réformes de l’occupation américaine :
Dans les décennies suivantes, le pays connaît un essor économique spectaculaire — le miracle économique japonais — qui fera de lui, dès les années 1980, la deuxième puissance économique mondiale. Cette renaissance repose sur des bases radicalement différentes : une industrie tournée vers la qualité, un État pacifiste, et une démocratie parlementaire stable.
Une question se pose depuis 80 ans, sans réelle réponse : l’usage des bombes atomiques par les États-Unis sur Hiroshima et Nagasaki était-il justifié. Il demeure l’un des épisodes les plus controversés et débattus de la Seconde Guerre mondiale. Plusieurs théories tentent d’expliquer pourquoi ces armes d’une puissance dévastatrice ont été utilisées, au-delà de la simple volonté de mettre fin rapidement au conflit.
L’invasion impossible
À l’été 1945, une invasion directe du Japon, appelée opération Downfall, était prévue par les Alliés. Or, les projections annonçaient des pertes humaines massives — jusqu’à plusieurs centaines de milliers de soldats alliés et des millions de Japonais. La bombe atomique aurait été utilisée pour éviter cette invasion sanglante et accélérer la capitulation.
Les rivalités géopolitiques
Certains historiens soulignent que l’usage de la bombe ne visait pas uniquement le Japon, mais aussi à impressionner l’Union soviétique en pleine montée des tensions d’après-guerre, marquant ainsi le début de la guerre froide. L’arsenal nucléaire servait alors aussi de message politique.
La ruse militaire
D’autres chercheurs avancent que le bombardement a aussi servi à tester en conditions réelles la bombe atomique, à démontrer sa puissance, et à contraindre le Japon à capituler rapidement avant une contre-attaque ou une prolongation indéfinie du conflit.
L'essai de la bombe
Selon cette hypothèse, les bombardements auraient aussi constitué une démonstration publique de la supériorité technologique et militaire américaine, affirmant leur domination mondiale et légitimant leur nouvel arsenal nucléaire.
De même, plusieurs historiens débattent du degré d’information réel du Président Harry Truman et de son entourage sur les conséquences humaines et la composition des cibles. Le contexte de guerre et la course à la fin du conflit auraient pesé dans ces décisions.
Malgré ces théories, le bilan humain reste tragique : entre 140 000 et 160 000 morts à Hiroshima, et environ 74 000 à Nagasaki, sans compter les souffrances durables des hibakusha.
J. Robert Oppenheimer, scientifique principal du projet Manhattan, a exprimé un profond conflit moral après les bombardements. Il cita une phrase issue de la Bhagavad Gita : "Maintenant je suis devenu la Mort, le destructeur des mondes." (Source : Atomic Heritage Foundation).
Albert Einstein, bien qu’ayant alerté Franklin D. Roosevelt sur le potentiel de la bombe, regrettera plus tard son utilisation, estimant que la bombe aurait pu être évitée et exprimant des craintes quant à la course aux armements nucléaires.
En 2025, à l'heure où, pour certains spécialistes, nous n'avons jamais été aussi proches d'un conflit nucléaire, cette décision, lourde de conséquences, est toujours l’objet d’un débat moral et historique intense, où les impératifs stratégiques se confrontent aux horreurs infligées aux civils.
Si j'avais su que les Allemands ne réussiraient pas à développer une bombe atomique, je n'aurais rien fait pour la bombe.
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Les représentants de la délégation japonaise quittent le pont de l'USS Missouri après la signature des actes de capitulation du Japon © Wikipedia.org
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