Qu’est-ce qu’un Tenshu ?
16 oct. 2024Après mon article sur Odawara-jō, paru en septembre, celui-ci, qui date un peu, est subitement remonté dans les statistiques. Donc, en attendant de trouver le temps de terminer les posts en cours, à savoir un article sur ‘’Tōkyō en 23 lieux de culte’’ et un dossier sur l’Histoire du Japon (bon, ceux-là seront peut-être ''un peu / beaucoup'' plus longs à écrire…), je me suis dit qu’une mise à jour serait la bienvenue.
Tenshu ou Tenshukaku (天守, 殿主, 殿守) est le mot japonais pour désigner la tour principale, donc le donjon, d'un château, mais pas le château en lui-même. D'ailleurs, tous les châteaux ne possédaient pas de Tenshu, et de nombreux premiers châteaux ou châteaux de type Yamashiro n’en possédaient pas.
Ils étaient construits au-dessus d'une haute fondation en pierre ou le long du mur de pierre en bordure de la cour. Et, comme toute l’architecture japonaise, reposaient fortement sur la construction en bois. Cela les rendait beaucoup plus vulnérables au feu et à l’artillerie que les donjons de pierre des châteaux européens, ils étaient donc recouverts d'épaisses couches de plâtre pour les protéger. Toutefois, lorsqu'un donjon était incendié ou détruit lors d'un tremblement de terre, il arrivait qu'il ne soit pas reconstruit. En effet, pendant la période Edo, relativement paisible, le donjon principal était moins important qu'auparavant, les coûts étaient peut-être trop prohibitifs ou, dans certains cas, le shogunat Tokugawa ne permettait tout simplement pas à un seigneur de reconstruire son château.
Chaque donjon possède un nombre d'étages, appelés Kai (階) parfois différent du nombre de niveaux, que l'on peut compter0 de l'extérieur, car certains sont ''cachés'' ou intégrés à la base du Tenshu. Par exemple, le château de Matsumoto comprend un 6e étage entre le deuxième et le troisième, qui servait à stocker les vivres et les munitions.
Pour rappel, au Japon, le premier étage correspond au rez-de-chaussée, comme aux États-Unis. De par la conception, plus vous montez, plus les escaliers sont difficiles et raides, et finissent souvent en échelle, ce qui ralentissait l'ennemi, si celui-ci arrivait finalement à entrer dans le Tenshu, ce qui n'était pas gagné, au vu de la conceptio des châteaux.
/image%2F6962016%2F20241012%2Fob_979364_2501040.jpg)
Contrairement aux idées reçues, le Seigneur, appelé Daimyō (大名), ne vivait pas dans le Tenshu, mais, le plus souvent, dans un palais situé, par exemple, dans l'enceinte Ninomaru (二の丸). Appelé Ninomaru-Goten, ce palais était souvent somptueux et très grand. Pour exemple, celui du Nijo-jō fait 3 300 m2 et est construit presque exclusivement en bois de cyprès. L'intérieur du palais est décoré de peintures murales dorées représentant des pins ou des tigres, dans le simple but d'impressionner les visiteurs et montrer la puissance du maître des lieux, le Shōgun. De moindre importance, le Honmaru-goten, lui, couvre 1 600 m2, divisés en quatre parties : appartements, salles de réception et de divertissement, hall d'entrée et cuisines.
Le Tenshu était, au final, une énorme tour de guet qui permettait de voir l'ennemi avancer. C’était également un point stratégique, d’où les archers ou arquebusiers pouvaient tirer sur les envahisseurs, et l’ultime défense en cas d’attaque.
/image%2F6962016%2F20241004%2Fob_ffa90e_01.jpg)
Au Japon, seuls douze Tenshu sont considérés comme authentiques, je vous invite à les découvrir dans cet article. Bien entendu, selon les lieux, je pense notamment à Himeji-jō, il n'y a pas que le donjon qui soit authentique, vous pourrez trouvez des tourelles, appelée Yagura (櫓), voire des passages couverts, Watari yagura, (渡り櫓) classés.
En ce qui concerne l'évolution des châteaux au fil des siècles, je vous invite à consulter l'article sur le site La balade du Sakura ou à regarder sa vidéo, que je remets en bas de cet article. L'auteur en parle beaucoup mieux que moi.
N'étant vraiment pas un spécialiste des styles, des structures… Comme déjà dit plus haut, je me suis aidé des sites spécialisés, à l'instar de Jcastle, dont je ne cesse de vous vanter les mérites. L'article se divise en quatre parties :
Le saviez-vous ?
En japonais, le kanji utilisé pour désigner un château est 城, qui se lit shiro, jiro ou jō (avec un o long, symbolisé ici par un macron sur le o) lorsqu'il fait partie d'un mot, comme dans Hirosaki-jō. À ne pas confondre avec 白, la couleur blanche (mais qui peut aussi désigner le vide ou l'innocence... oui, le japonais peut être compliqué). Si cela vous intéresse, je vous invite à visiter le blog Kotoba, qui se trouve être une mine d'or au sujet du vocabulaire japonais.
Les Tenshu peuvent être classés selon deux méthodes principales, la structure architecturale et le style du donjon principal. Ce qui, je l'avoue, m'a quelque peu perdu… Merci encore Jcastle. Sans ce site, jamais cet article n'aurait vu le jour.
Mais commençons par la dénomination du château, différente selon son emplacement.
Le Yamashiro ou Yamajiro (山背) est un château de montagne. Par là même, le château ne disposait ni de tours de garde, ni de douves, inutiles, mais simplement d'un donjon. Nous pouvons citer Gifu-jō au sommet du mont Kinka et, bien entendu, Bitchu-Matsuyama-jō au sommet du mont Gagyū.
/image%2F6962016%2F20241004%2Fob_fd2ce5_02.jpg)
Le Hirayamashiro ou Hirayamajiro (平山城) est un château de colline ou ''château de montagne de plaine''.
Tout comme le yamashiro, le Tenshu a été construit au sommet d'une hauteur, étant plus facile à défendre ainsi, et, comme un Hirashiro, il a été entouré de remparts, fossés et tours. Il arrivait que la colline soit artificielle, comme pour Himeji-jō.
Kameyama-jō, dans la préfecture de Mie, et Uwajima-jō en sont aussi des exemples.
/image%2F6962016%2F20241004%2Fob_1e45f9_03.jpg)
Le Hirashiro ou Hirajiro (平城), ou château de plaine, dont les principaux éléments défensifs sont les rivières, les marécages et les douves artificielles. Souvent construit pendant l'époque Edo où le château jouait plus un rôle politique que militaire. Les exemples sont Nagoya-jō dans la préfecture d'Aichi, et Sunpu-jō dans la préfecture de Shizuoka.
/image%2F6962016%2F20241004%2Fob_e3b155_04.jpg)
Le Mizushiro ou Mizujiro (水城), littéralement ''château dans l'eau'', comprend seulement trois châteaux : Nakatsu-jō (préfecture de Ôita), Takamatsu-jō (préfecture de Kagawa) et d'Imabarai-jō (préfecture d'Ehime).
/image%2F6962016%2F20241004%2Fob_2e62df_05.jpg)
Il existe deux types de structures architecturales.
Borogata (望楼型)
/image%2F6962016%2F20241004%2Fob_1b3202_001.gif)
Style présent dans les châteaux construits alors que la base en pierre n'était pas encore complètement développée. Ils sont facilement reconnaissables, car ils présentent un toit en croupe et un pignon, un style connu sous le nom d'Irimoya, qui donne l'impression que le niveau inférieur et les étages supérieurs étaient de styles différents, ou qu'une tour a été construite au-dessus d'un autre bâtiment. Le château d'Inuyama en est un exemple.
Sotogata (層塔型)
/image%2F6962016%2F20241004%2Fob_c62a0a_002.gif)
Tous les étages y présentent une uniformité, les étages supérieurs ayant la même forme, mais plus petits. Bien que l'on puisse également trouver de petits pignons, ceux-ci sont purement décoratifs et ne font pas nécessairement partie de la construction principale, comme pour Hirosaki-jō.
/image%2F6962016%2F20241004%2Fob_1b45f7_hirosaki-castle-aomori-with-sakura-blo.jpg)
Le style du donjon, lui, était choisi selon la configuration du lieu, bien entendu, mais également l'envie du maître d'œuvre, la facilité à défendre… Selon le site Jcastle, les Tenshu étaient rarement isolés et souvent attachés à des sections plus petites de Yagura , à de petits donjons ou à de grandes portes ou murs pour renforcer leur défense.
/image%2F6962016%2F20241004%2Fob_0e3e8e_01.gif)
Fukugoshiki (複合式)
Le donjon est directement relié à un plus petit donjon ou à une Yagura, comme Odawara-jō, dont je parle dans cet article.
/image%2F6962016%2F20241014%2Fob_403a2f_image-6962016-20240911-ob-457d21-odawa.jpg)
/image%2F6962016%2F20241004%2Fob_228526_02.gif)
Renketsushiki (連結式)
Le donjon est relié à une tour plus petite ou Yagura par un Watari-yagura, comme le château de Matsumoto.
/image%2F6962016%2F20241014%2Fob_07576b_130608-matsumoto-castle-matsumoto-naga.jpg)
/image%2F6962016%2F20241004%2Fob_fe08f7_03.gif)
Renritsushiki (連立式)
Le Tenshu, de multiples donjons plus petits et des Yagura sont reliés par des Watari-yagura ou Tamon yagura pour complètement fermer la petite cour, ou bien alors fermer la totalité du Honmaru avec des murs d'enceinte. Citons le château de Wakayama, comme exemple.
/image%2F6962016%2F20241014%2Fob_d31d65_wakayama-castle-2011-kuruwa.jpg)
/image%2F6962016%2F20241004%2Fob_532961_dokuritsushiki.gif)
Dokuritsushiki (独立式)
Le Tenshu est indépendant des autres Yagura, comme Maruoka-jō.
/image%2F6962016%2F20241014%2Fob_2ce2b0_01.jpg)
L'emplacement des enceintes, des douves, des remparts en terre et en pierre, des entrées et, bien entendu, des routes menant au château, était fondamental, afin de donner l'avantage ultime aux défenseurs.
Nawabari (縄張), terme venant des cordes tendues sur des piquets à travers les zones plates et utilisées pour planifier l'aménagement et la taille du château, désigne sa configuration, en fonction du terrain utilisé. Ainsi, cela peut être différent selon que le château est construit sur un terrain montagneux ou plat. Par exemple, pour les Yamashiro, les structures défensives ne pouvaient être construites que sur des zones plates de la montagne, comme le sommet ou la crête. Ce ''plan'' servira souvent de base à la construction.
Voici un tour d'horizon des différentes infrastructures d'un château japonais.
L'entrée du château
Appelée Koguchi (虎口), l’entrée du château était, de par sa nature, un point faible et nécessitait des considérations stratégiques cruciales. Le terme moderne, 虎口, compare la porte du château au croc d'un tigre, faisant allusion à la difficulté de pénétrer dans la garnison armée de garde.
Il en existait de plusieurs styles, le plus basique étant Hirairi (avec l'entrée sur le côté long du bâtiment), dans lequel une Koguchi se trouvait à l'intérieur d'un fossé ou d'un terrassement. Citons également la Masugata koguchi (桝形虎口), protégée par une enceinte carrée, qui se composait généralement d'un talus en terre ou de murs en pierre avec une porte supplémentaire perpendiculaire à la porte principale. Cela empêchait l'entrée directe au château et fournissait également un endroit pour rassembler les troupes hors de la vue de l'ennemi. La porte extérieure était généralement appelée Ichi-no-mon (一の門) et la porte intérieure Ni-no-mon (二の門). La Sakurada-mon (桜田門) du Palais Impérial de Tōkyō est de cette conception.
À mesure que les batailles s'intensifiaient, l'importance de la Koguchi augmenta et un grand soin fut apporté à la conception et à l'emplacement des douves, des terrassements et des murs de pierre, afin d'améliorer la capacité défensive des murs du château. Dans les entrées de style Kuichigai-koguchi (喰違虎口), des terrassements ou des murs de pierre étaient construits dans des directions différentes, et non parallèles, et une entrée était construite sur le côté afin que l'ennemi soit obligé de suivre le chemin en forme de chicanes, ce qui le ralentissait et le rendait vulnérable aux attaques latérales avec des arquebuses ou des flèches.
/image%2F6962016%2F20241012%2Fob_9af7af_2501018.jpg)
Les murs
Les Dobei (塀) sont les murs blancs que l’on voit couramment dans les châteaux. De simples structures de planches de bois clouées à une clôture, ils ont évolué au fil des siècles, renforcés et épaissis pour empêcher les flèches, puis, plus tard, les balles de les percer. S’il n’en reste aujourd’hui qu’un peu plus d’un kilomètre encore debout, de nombreux châteaux en avaient au moins un kilomètre et le château d'Edo en comptait plus de 10 kilomètres.
Ils sont régulièrement percés de Sama (狭間), des meurtrières de forme et taille diverses.
/image%2F6962016%2F20241012%2Fob_570740_odawara-jo-59.jpg)
Il faut toutefois noter des variations, comme les Neribei, construits à partir de briques d'argile séchées ou de vieilles tuiles collées avec du mortier d'argile et recouvertes d'une couche de plâtre dur, et les Tuijibei, fabriqués en martelant un mélange de sable et d'argile en couches de 3 à 5 cm, mesurant environ 1 mètre d'épaisseur, et jusqu'à 3 mètres de hauteur. Si ce sont des murs très solides, leur épaisseur rendait impossible la construction de Sama et, au final, leur construction demandait beaucoup de temps et de main d’œuvre. Ils n’étaient donc pas couramment utilisés dans les châteaux.
Il ne faut pas les confondre avec les Ishigaki (石垣), les impressionnants murs de pierre. Ce n’est que vers la fin de l'époque Sengoku (1467-1568) que ces murs ont commencé à apparaitre dans les châteaux japonais. Il en existe de deux styles : Ranzumi (乱積み) où les pierres utilisées sont de différentes tailles, afin qu'il n'y ait pas de motif particulier sur la face du mur de pierre et Nunozumi (布積み), où la plupart des pierres ont à peu près la même taille, de sorte qu'elles s'alignent sur la face du mur.
Toutefois, le nombre de procédés sont assez nombreux. Citons :
Nozurazumi (野面積み) qui utilise des pierres non façonnées. Ce type de mur est relativement faible et des murs hauts ne peuvent pas être construits. Il fournit également de nombreux points d'appui et de prises aux attaquants...
Uchikomihagi (打込接ぎ) où les pierres sont martelées fermement en place et les coins et les bords rugueux sont légèrement lissés pour les aider à mieux s'emboîter. La face de la pierre est également ébréchée pour la rendre plus plate. Les trous restants sont remplis de pierres plus petites pour combler étroitement les interstices. Cela crée un mur plus solide que Nozurazumi et ces murs peuvent être construits plus haut. C’est ce procédé qui est devenu le plus répandu après la bataille de Sekigahara (1600).
Kirikomihagi (切込接ぎ) dont les pierres sont fortement traitées et façonnées pour s'adapter exactement aux pierres environnantes. Il n’y a presque pas de trous ou d’espaces vides et pas de petites pierres non taillées remplissant les espaces entre les pierres. Comme l’eau ne peut pas s’infiltrer à travers les espaces, il faut créer des trous pour le drainage. Une variante, Kikkozumi, utilise des pierres taillées à cinq ou six côtés et assemblées.
Tanizumi / Otoshizumi, un procédé souvent utilisée à la fin de la période Edo, où les pierres sont assemblées selon un angle afin d'avoir un motif diagonal au lieu d'horizontal et Tamaishizumi (玉石積み) qui utilise des pierres de rivière qui ont été naturellement façonnées par la rivière pour être rondes, comme au château de Yokosuka, dans la préfecture de Shizuoka.
/image%2F6962016%2F20241014%2Fob_065643_02.jpg)
Les portes
Que ce soit au Japon, comme en Europe, les portes avaient une importance en termes de contrôle de l'accès à certaines zones, que ce soit lors d’une bataille ou, tout simplement, dans la vie de tous les jours. Elles avaient également une importance symbolique, dans la mesure où leur taille, leur conception et les matériaux utilisés reflétaient la richesse et le pouvoir du propriétaire.
Certaines portes datant du XIVe siècle sont encore debout aujourd'hui, témoignage de leur longévité et des techniques de menuiserie utilisées. Les portes elles-mêmes étaient suspendues à des charnières en fer massives, renforcées par des plaques de fer, des goujons et des pointes. Très souvent, ces ferrures de portail en fer étaient ornées de Kamon (家紋) et d'autres motifs.
La première ou porte principale d'un château se nommait, le plus souvent, Ichi-no-mon (一の門) et pouvait être une Yagura-mon, une porte surmontée d'un entrepôt ou d'une tour de guet. Ce sont souvent des portes grandes, solides et impressionnantes, fréquemment utilisées comme porte intérieure d'un Masugata et pour d'autres points d'entrée importants.
/image%2F6962016%2F20241012%2Fob_6436e6_export-site-et-reseaux-01-2.jpg)
Les Yakui-mon (薬医門) sont des portes dont un toit couvre à la fois les piliers avant principaux (Kagamibashira) et les piliers de support arrière (Hikaebashira). Le toit était nécessairement grand pour couvrir les quatre piliers. Il s'agit d'une porte de style assez ancien qui a finalement été remplacée par les portes Koraimon (高麗門), dont les montants avant et les portes sont recouverts d'un petit toit et les montants de support arrière et les poutres de support sont chacun recouverts d'un toit séparé de chaque côté, perpendiculairement au toit principal au-dessus des montants avant.
Les ponts
Les ponts étaient de différents styles, mais la plupart étaient en bois. Il existe cependant des exemples de châteaux japonais dotés de ponts en pierre, comme le Seimon Ishibashi, l’élégant pont de pierre visible depuis l'entrée principale du Palais Impérial, à Tōkyō. Toutefois, celui-ci est assez récent et a été construit en 1889 et a, justement, remplacé un pont en bois.
Selon d'anciens croquis et dessins, des ponts-levis ont été fabriqués, comme le pont devant la Kitahanebashi-mon du Palais Impérial, mais il n'en reste plus aucune trace aujourd'hui.
/image%2F6962016%2F20241014%2Fob_2a560d_seimon-ishibashi.jpeg)
Les douves et remblais
Comme pour les châteaux européens, les douves étaient un élément clef de la défense. Outre les douves d'eau, appelées Mizuhori (水堀), assez courantes dans les Hirayamashiro et Hirashiro, et souvent reliées aux zones humides, aux lacs ou à l'océan situé à proximité pour se remplir d'eau, il existait des douves sèches. Le terme Karabori (空堀) couvre ce large éventail de fortifications creusées pour empêcher les attaquants d'entrer ou de se déplacer facilement dans un château. Il existe également différents sous-types en fonction de l'emplacement dans le château et de l'orientation, par exemple horizontale, verticale ou à travers une crête de montagne.
Hori-kiri (堀切) est une tranchée profonde creusée à travers une crête de montagne pour empêcher les attaquants de gravir facilement ladite crête.
Yoko-bori (横堀), une tranchée horizontale traversant une pente ou une montagne, pouvant également fournir aux défenseurs un itinéraire plus facile pour traverser une pente.
Tate-bori (竪堀), une tranchée verticale descendant une pente, pouvant être utilisée pour empêcher les attaquants de traverser facilement une pente et les forcer à entrer dans une zone de mise à mort.
Unejotate-bori (畝状竪堀) regroupe plusieurs Tatebori parallèles sur une pente sur un château au sommet d'une montagne. Ils peuvent être difficiles à voir, s'ils se trouvent sur un côté escarpé du château auquel vous ne pouvez pas accéder.
Shoji-bori (障子堀) regroupe des dépressions carrées creusées, obligeant les attaquants soit à parcourir les crêtes étroites et à se faire tirer dessus facilement, soit à escalader et descendre les murs d'argile glissants, les mettant dans des positions vulnérables et utilisant beaucoup d'énergie physique.
/image%2F6962016%2F20241016%2Fob_7af0ce_01.jpg)
Une-bori (畝堀), similaire au Shojibori, mais d'une seule rangée de dépressions.
La terre qui était enlevée pour créer les douves était empilée pour créer des remblais de terre, appelés Dorui, ainsi, piégé dans les douves, l’ennemi était attaqué par les soldats en hauteur.
/image%2F6962016%2F20241014%2Fob_811eb2_01.jpg)
Les enceintes
Les Kuruwa (郭) étaient les enceintes construites selon le Nawabari. On peut citer le Honmaru (本丸), l’enceinte principale, complétée par le Ninomaru (二の丸), l’enceinte secondaire, voire par le Sannnomaru (三の丸), la troisième enceinte. Elles pouvaient abriter des jardins, des bâtiments... comme au Nijō-jō, que je ne peux que vous inviter à visiter, si vous allez à Kyotō.
Ainsi, au château d'Odawara, tel qu'il apparaît sur le plan illustré ci-dessous, le chiffre 1 indique le Honmaru, et le 2, le Ninomaru. Les numéros 3 à 9 représentent les enceintes de moindre importance.
/image%2F6962016%2F20241008%2Fob_03b7df_2467724.jpg)
Les tours et entrepôts
En japonais, le terme Yagura (櫓) est utilisé de manière générique pour désigner les différentes structures de type tour existantes. À l’origine, le terme désigne un entrepôt (kura) où on stockait les flèches (ya). Mais les Yagura n'étaient pas seulement des entrepôts, mais également des plates-formes défensives vitales et des tours de guet placées à des endroits stratégiques du château. Selon le château, leur nombre pouvait être assez conséquent. Le château de Kumamoto couvrait autrefois un territoire d'environ 980 000 mètres carrés. Entouré d'un vaste terrain s'étendant sur environ 5,3 kilomètres, le château était équipé de tours de différentes tailles, dont 49 Yagura, 18 Yagura-mon et 29 portes du château.
La Yagura-mon (櫓門) était, tout simplement, une porte dotée d'une Yagura à son sommet.
La Sumi-yagura (隅櫓) était une tour d’angle qui offrait un large champ de vision et protégeait les coins vulnérables des murs de pierre, qui étaient beaucoup plus faciles à escalader, car moins abrupts que les côtés. L’une des plus connus est celle du Nijō-jō.
/image%2F6962016%2F20241004%2Fob_ff4c90_04.jpg)
De plus, les Sumi-yagura étaient, en général, nommées selon les 12 signes du zodiaque placés sur le cadran d’une horloge. Ainsi, avec le nord à midi, un yagura du nord-ouest devenait Ushitora-yagura, une Yagura du sud-est, Tatsumi-yagura, et ainsi de suite.
Citons également, la Hira-yagura (平櫓), nom donné aux tours à un étage, trop petites pour être utilisées comme tour d'observation, et qui ne sont généralement pas utilisée comme Sumi-yagura ; La Gosankai-Yagura (御三階櫓), une énorme tour qui, de loin, ressemblerait presque à un Tenshu ; La Tamon-yagura (多聞櫓) une forme d’Hira-yagura plus large, utilisée à la place des murs en terre battue au sommet des douves et des remblais.
À savoir que les Yagura pouvaient également être classées en fonction de ce qui y était stocké, par exemple Teppō-yagura (arquebuses), Hata-yagura (drapeaux) ou Shio-yagura (sel)… Voire de leurs fonctions, comme Taiko-yagura (dans lequel un tambour était conservé) ou Tsukimi-yagura (pour observer la lune).
Enfin, le Watari-yagura (渡櫓) est un passage couvert. Il était souvent situé au-dessus de la porte principale et servait de tour de liaison. Il était d'une seule hauteur et équipé de meurtrières pour les Teppō (鉄砲狭間), les arquebuses japonaise. Parmi les exemples représentatifs, citons celui de Matsumoto-jō et Himeji-jō.
Autres structures
Le Shachi-hoko (鯱) n’est pas une infrastructure en lui-même, mais il revêt une importance capitale pour les château. En effet, cette représentation d’un Yōkai (妖怪) marin, censé avoir la capacité de stocker l'eau et de contrôler la pluie, orne les toits des châteaux, mais également des temples, voire des portes et des résidences de samurai. Placés en vis-à-vis sur les toits, les deux créatures, mâle et femelle, servaient de protecteurs contre les incendies. Les plus célèbres se trouvent au château de Nagoya. Plaqués en or 18 carats, le mâle mesure 2,62 mètres de haut et la femelle 2,58 mètres.
/image%2F6962016%2F20241015%2Fob_e155b3_odawara-jo-52.jpg)
L'Onigawara (鬼瓦) est une tuile ou une statue représentant un ogre ou une bête effrayante, ayant pour mission de chasser les mauvais esprits afin de protéger les temples, les châteaux et les maisons. Toutefois, au niveau des tuiles des châteaux, c'était plus souvent le Kamon du clan qui était représenté.
Le Kegyo (懸魚) est la décoration de pignon.
/image%2F6962016%2F20241015%2Fob_c91148_odawara-jo-222.jpg)
CONCLUSION
J'espère que ce tour d'horizon vous aura donné envie de visiter des châteaux lors d'un prochain voyage. Si les 12 Tenshu authentiques sont, bien évidemment, conseillés, je vous invite également à visiter des châteaux de ''moindre importance'' et à piocher dans la liste des 100 plus beaux châteaux du Japon.
POUR ALLER PLUS LOIN
Je ne peux que vous conseiller la vidéo sur les châteaux japonais de La balade du Sakura sur YouTube.
© La balade du Sakura
SOURCES
wikipedia.org, jcastle.info, la-pierre-et-le-sabre-iaido18.fr, thejapanbox.com, nippon.com/fr, aisf.or.jp/~jaanus/, tumblr.com/
PHOTO DE COUVERTURE
Odawara-jo © Le Japon et moi - 2023
LES IMAGES DE CET ARTICLE, SAUF MENTION CONTRAIRE, SONT ISSUES DE WIKIPEDIA.ORG
LES DESSINS, EUX, SONT EXTRAITS DE JCASTLE.INFO (Google Sketchup)