Takaichi Sanae : une femme aux portes du pouvoir

Le Japon s’apprête peut-être à vivre un moment historique. Le Parti libéral-démocrate (自由民主党, Jiyū-Minshutō), qui dirige le pays presque sans discontinuer depuis l’après-guerre, vient d’élire Takaichi Sanae (高市早苗) à sa présidence. En clair, sauf surprise à la Diète, elle devient la prochaine Première ministre du Japon — et la première femme à occuper ce poste.

Une victoire politique très calculée
© Wikimedia

Le scrutin interne du PLD s’est joué en deux temps. Après le retrait d’Ishiba Tarō (石破茂), figure populaire mais isolée, le parti s’est resserré autour de Takaichi Sanae, candidate du camp conservateur. Au second tour, elle l’emporte face à Koizumi Shinjirō (小泉進次郎), symbole d’un courant plus réformiste.

Takaichi promet une politique de "dépense de gestion de crise", autrement dit : des investissements publics massifs pour relancer une économie qui peine à sortir de la stagnation. Elle défend aussi une ligne dure sur la sécurité nationale, fidèle à l’héritage de Abe Shinzō (安倍晋三), dont elle était proche.

Le poids du symbole

Voir une femme accéder à la tête du gouvernement japonais, c’est un événement. Le pays n’en avait jamais connu, malgré quelques candidatures symboliques dans le passé. Takaichi Sanae revendique d’ailleurs cette position : elle veut prouver qu’une femme peut gouverner sans renier l’autorité ou la fermeté.

Mais derrière le symbole, la réalité politique reste rugueuse. Le PLD demeure un parti d’hommes âgés, attachés à leurs réseaux internes. Rassembler ces factions rivales, convaincre les électeurs et naviguer dans un contexte économique incertain : ce sera tout sauf un long fleuve tranquille.

Entre continuité et rupture

Son programme s’inscrit dans la continuité du national-conservatisme japonais : réforme de la Constitution pacifiste, modernisation des forces d’autodéfense, indépendance énergétique et soutien aux industries nationales. Mais son ton, lui, rompt avec la prudence habituelle des dirigeants du PLD.

Takaichi se revendique admiratrice de Margaret Thatcher : une femme de conviction, persuadée que la force politique naît de la fermeté. Reste à voir si cette approche séduira un Japon en quête de stabilité plus que de confrontation.

Et maintenant ?

La Diète (国会) doit encore confirmer sa nomination. Sauf coup de théâtre, Takaichi Sanae deviendra dans les prochains jours la première femme Première ministre du Japon.

Mais le plus intéressant commence maintenant : saura-t-elle transformer cette victoire symbolique en véritable changement politique ? Le Japon a souvent célébré les figures nouvelles avant de les refermer dans la mécanique du pouvoir.

SOURCES

apnews.comenglish.kyodonews.net

PHOTO DE COUVERTURE

Commission de l'énergie atomique japonaise et Takaichi Sanae © Gouvernement du Japon

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