"Black Box Diaries" en salles aujourd'hui
12 mars 2025"Black Box Diaries", le documentaire choc d’Itō Shiori (伊藤 詩織) sort en salles ce mercredi 12 mars 2025.
Le 8 mars se tenait la Journée internationale des droits des femmes. S'il y a eu des progrès depuis la création de l'ancêtre de cette journée en 1910, on doit bien avouer qu'il reste beaucoup à faire. Si j'aime le Japon, je suis bien conscient de ses lacunes et la place de la femme dans la société en est un exemple poignant.
Nommé aux Oscars 2025, le doc de la journaliste Itō Shiori est considéré par beaucoup comme un véritable "coup de poing" ébranlant "les fondements d'une société archaïque où les femmes sont silenciées", comme l’indique Zoé Ayad sur FranceInfo.
Relatant la lutte de la jeune femme pour obtenir justice et changer le regard de la société japonaise sur le viol, "Black Box Diaries" sort huit ans après le livre éponyme. En 2017, elle accuse Yamaguchi Noriyuki, journaliste politique connu et reconnu de l’avoir droguée, violentée et violée dans une chambre d’hôtel, à l’issue d’un dîner professionnel, en 2015. S'en suit un véritable calvaire, sa plainte classée après un mois seulement, son agresseur uniquement condamné au civil (1) et, le plus difficile, la haine et les menaces de mort...
À la question sur les répercussions de la médiatisation de son histoire, par Jeanne Le Borgne, dans l'article de Paris-Match, Itō Shiori répond "J’ai dû faire face à de nombreuses réactions négatives et à des menaces de mort. Il ne faut pas oublier que ma première prise de parole s’est faite 6 mois avant le début de la vague #MeToo et dans un pays, le Japon, où parler de violence sexuelle est très tabou. Je pense qu’il était vraiment difficile pour certains de comprendre pourquoi je voulais en parler publiquement. Il est rapidement devenu très difficile pour moi de vivre au Japon et j’ai eu la chance de recevoir un appel de mon amie Hanna Aqvillin (productrice de Black Box Diaries, ndlr), qui m’a proposé de m’accueillir à Londres pour que je puisse fuir le Japon. C’était une question de sécurité à ce moment-là."
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Une boite noire
Le titre du film, comme l'explique la réalisatrice, est un terme utilisé pour qualifier "un système dont le fonctionnement interne est caché ou difficilement lisible" : "Le Japon est une terre de boîtes noires, et j'ai appris ce qu’il arrive lorsque l’on commence à les ouvrir dans cette société. Ce film ne traite pas d’une quête de justice face à mon agresseur, ni des politiques de gauche et de droite. Il s'agit plutôt du témoignage de l'expérience d'une femme — ma boîte noire, exposée aux yeux de tous." (Source : Allociné)
À ce jour, "Black Box Diaries" n'est toujours pas sorti au Japon.
Ce film rassemble ce qu’on peut attendre d’un documentaire : il enregistre une parole, documente des faits filmés huit années durant, mais capture aussi les fortes émotions de sa cinéaste, qui se filme elle-même.
[...] c'est évidemment sur le fond que Black Box Diaries se révèle remarquable : en décrivant le détail de cette affaire de violences sexuelles, le film dépasse rapidement son sujet pour dénoncer les failles de la société médiatico-judiciaire japonaise. Insultes et menaces, corruption, patriarcat bien ancré, lois restrictives... C'est un portrait du Japon où le mouvement MeToo n'a pas encore véritablement émergé que ce documentaire dessine sans artifice ni concession.
RÉSUMÉ
Depuis 2015, Shiori Itō défie les archaïsmes de la société japonaise suite à son agression sexuelle par un homme puissant, proche du premier ministre. Seule contre tous et confrontée aux failles du système médiatico-judiciaire, la journaliste mène sa propre enquête, prête à tout pour briser le silence et faire éclater la vérité.
HANABI - Le Japon nous fait du bien
NOTE
(1) Yamaguchi Noriyuki s’est toujours défendu en expliquant que la relation était totalement consentie. En janvier 2022, la Haute cour de Tōkyō lui a ordonné le versement de 3,3 millions de yens de dommages et intérêts.