Ce documentaire de Susanne Steffen (2023) devrait plaire aux passionnés d'arts guerriers, mais pas que, bien entendu. Le Yabusame (流鏑馬) est l'art de tirer à l'arc à cheval. Je suis toujours impressionné par la justesse des tirs, sur un cheval qui va au galop... De plus, ce reportage présente la révolution que connait ce sport, longtemps réservé à une élite... masculine.

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Durant la période Kamakura (1185-1333), inquiet des lacunes de ses samurai au tir à l'arc, Minamoto no Yoritomo, alors Shōgun, organise le Yabusame (流鏑馬) comme une forme d'entraînement. Fait d'autant plus étonnant que l'arme principal du samurai était bien l'arc, appelé Yumi (和弓), et non le Tachi (太刀), le sabre de cavalerie. On comprend mieux pourquoi le Shōgun souhaite que ses hommes l'utilisent convenablement.

Être choisi pour devenir un tel archer est un très grand honneur, exclusivement accordé aux meilleurs guerriers. Toutefois, il s'agit également d’un entraînement extrêmement rigoureux, au point que si les archers obtiennent de piètres résultats, on peut leur ordonner de commettre le Seppuku (切腹).

Avec la modernisation des armes de guerre, et notamment l’arrivée des arquebuses au milieu du XVIe siècle, le Yabusame se met à décliner pour quasiment disparaître pendant l’ère Muromachi et Azuchi-Momoyama. Il réapparait durant la période Edo, sous l'impulsion du Shōgun Tokugawa Yoshimune (徳川吉宗), qui demande à Ogasawara Sadamasa, le 20e directeur du Ogasawara-ryū, de créer un nouveau style.

L’archipel étant en paix, le tir à l’arc devient davantage une méthode de développement personnel, un art martial, combinant discipline guerrière et spiritualité empruntée au bouddhisme zen et au shintoïsme.

Avec l'ouverture du Japon au monde au début de l'ère Meiji, le Yabusame recommence à tomber en disgrâce, alors que, dans le même temps, le Kyūdō (弓道) qui, pour extrêmement simplifier, est le tir à pied, continue de faire des adeptes.

Le Yabusame connait un renouveau après la fin de la seconde Guerre mondiale et reste populaire à ce jour. Il est activement pratiqué dans de nombreuses régions du Japon, mais en tant que rituel shintō, et constitue une attraction touristique majeure. Il existe encore deux écoles, Ogasawara-ryū (小笠原流) et Takeda-ryū (武田流) et il est possible d’assister chaque année à des représentations au sanctuaire Tsurugaoka Hachimangu de Kamakura, en avril et en septembre.

RÉSUMÉ

''Si les légendaires guerriers samouraïs ont disparu depuis longtemps, leur art du tir à l’arc équestre, appelé "yabusame", a traversé les millénaires. Ce rituel traditionnel qui se pratique dans des sanctuaires shintos est longtemps demeuré l’apanage des hommes. Mais sous l’impulsion de quelques femmes engagées, il connait une révolution.

Ayuko Kamimura, surnommée Amy, est une pointure de l’archerie à cheval au Japon. Elle a tiré ses premières flèches il y a plus de vingt ans alors que son père œuvrait à faire évoluer cette tradition vers une discipline sportive. À 51 ans, elle est la première, et pour l’instant la seule, monitrice de yabusame. Un titre que lui reconnaissent même les ultra-conservateurs qui font une lecture religieuse de ces cérémonies. Son arc mesure près de deux mètres de long. Nulle part ailleurs, les cavaliers n’utilisent des arcs aussi longs. Une fois par an, Ayuko organise le sakura, le seul tournoi sportif de yabusame ouvert uniquement aux femmes. Cette année, elle concourt pour la dernière fois. Car pour elle l’heure de la relève a sonné, de talentueuses jeunes cavalières vont lui succéder. La compétition suit des règles très précises : sur un parcours droit, la cavalière doit tirer sur trois cibles. Le tout en 12 secondes maximum pour une distance de 100 mètres. Le succès dépend du nombre de tirs réussis, du temps réalisé et de la beauté du geste. Aoi Fuse, 20 ans, a déjà tout d’une vraie samouraï, elle a déjà remporté cinq titres dans la catégorie des sportifs professionnels. Saura-t-elle garder son sang-froid cette année ? Quant au prodige Eri Sakuraba, elle s’élancera pour la première fois en ligue professionnelle au printemps. La jeune fille de 14 ans a déjà remporté tous les trophées de sa catégorie lorsqu’elle était à l'école primaire. Comment abordera-t-elle cette première grande compétition ? Peu importe qui sera sacrée championne, ce sera de toute façon un grand jour pour ces amazones du Soleil-Levant.''

OÙ VISIONNER

À visionner sur Arte.tv jusqu'au 12 juin 2024.

SOURCES

espacelanguetokyo.fr, vivreatokyo.com, bonplantokyo.com, japanesewiki.com

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