Dans cette nouvelle rubrique, je vous invite à découvrir le Japon avec les yeux des réalisateurs de documentaires, mais également des influenceurs qui, pour certains, proposent des vidéos de découverte de grande qualité.

Arte vous propose un documentaire de Pia Schädel et Susanne Steffen sur la difficile relation entre le tatouage sur l'archipel.

Longtemps assimilé aux yakuza, le tatouage est toujours utilisé par des corporations, comme les pompiers ou le BTP, et sa pratique remonterait à l’époque Jōmon (10 500 avant J-C à 300 avant J-C). Toutefois, il faut différencier Horimono (彫物), ''chose gravée'', qui désigne les tatouages décoratifs, ornementaux, dont parle le documentaire, de Irezumi (入れ墨), ''insérer de l’encre'', un terme fréquemment utilisé depuis l’ère Edo (1603-1868), alors que le tatouage commence à être utilisé à des fins punitives sur l’archipel.

Selon le site Voyapon : ''C’est en 1720 que le tatouage japonais qui s’apparente à l’irezumi est mis en vigueur par la classe dirigeante. Les personnes ayant commis des crimes plus ou moins graves commencent donc à être identifiables facilement. C’est à cette période que le tatouage commence à être vu de manière négative par la population japonaise.''

Les Horishi (彫師), les maîtres tatoueurs, trouvent généralement ce terme péjoratif, donnant une image négative du tatouage. Il est donc conseillé de ne pas l'utiliser devant eux...

Si depuis 2020, la loi relative au tatouage a changé et qu'il n'est plus nécessaire de posséder une licence médicale pour tatouer une personne, on ne peut pas dire que son image, elle, se soit améliorée. En tant que japonais, se rendre dans un onsen ou un sento (bain public), ou tout simplement à la plage est toujours difficile, voire interdit selon le lieu (et cela selon le bon vouloir du patron), porter une chemise à manches courtes peut, si les bras sont tatoués, être mal perçu... Même en tant que touriste, vous devrez vous plier à certaines règles.

Arte.tv

RÉSUMÉ

''Au Japon, immersion dans les ateliers de tatoueurs qui tentent de redorer l'image des traditionnels "horimono", tombés en disgrâce.

Si le Japon est connu pour ses rituels et son raffinement, l'un de ses arts a vu sa réputation entachée de scandales et a peu à peu sombré dans l'oubli : le tatouage horimono. Longtemps, ces dessins tracés à l'encre étaient réputés assurer à ceux qui les portaient une protection magique. Ils atténuaient ainsi la peur des pêcheurs partis au large, donnaient du cœur aux pompiers affrontant les flammes et de la force aux ouvriers perchés sur les plus hauts échafaudages. Interdit au milieu du XIXe siècle, le horimono est alors récupéré par les bandes mafieuses des yakuzas, devenant un symbole de terreur. Aujourd'hui, une poignée de passionnés a entrepris de rendre à cette tradition ses lettres de noblesse. Des maîtres de cet art né au XVIIe siècle ouvrent les portes de leur atelier.''

OÙ LE VISIONNER

À découvrir sur Arte.tv jusqu'au 19 avril 2024, et sur la chaine Youtube de ARTE.

Documentaire visionnable également sur la chaine Youtube de Arte

POUR ALLER PLUS LOIN

Je ne peux que vous conseiller la lecture du livre Le corps tatoué au Japon ; estampes sur la peau, de Philippe Pons, chez Gallimard.

''Par son histoire et son esthétique, le tatouage japonais est unique au monde. À travers une approche historique et anthropologique, des références littéraires et des entretiens avec des maîtres tatoueurs au cours des trente dernières années, l'ouvrage replace cet art populaire dans l'histoire sociale de l'archipel, depuis son âge d'or (mi- XVIIIe - mi-XIXe siècles), époque au cours de laquelle la mode pour les "peaux de brocart" (tatouage intégral) s'est apparentée à une sorte de revendication d'identité plébéienne, jusqu'à l'époque contemporaine. En ce début de XXIe siècle, le grand art du tatouage traditionnel, apprécié à l'étranger, est sur son déclin et perd de son authenticité, mais le tatouage béné?cie néanmoins d'une popularité croissante chez la jeune génération japonaise.''

Retour à l'accueil