Les typhons au Japon
30 août 2024Shanshan, le 10e typhon de l’année 2024, est certainement l’un des plus puissants que l’archipel est connu ces soixante dernières années.
Appelé Taifū (台風) au Japon, cyclone ou ouragan dans d’autres parties du monde, cet événement climatique est, selon la définition japonaise, ‘’une perturbation atmosphérique tournant autour d’un centre de basse pression généralement cyclonique’’. Ainsi, ‘’des vents très violents se développent au-dessus des eaux tropicales de l’océan Pacifique, puis se dirigent ensuite vers le Japon ou d’autres parties de l’Asie de l’Est, avec une vitesse de surface maximum soutenue faisant en moyenne plus de 17 mètres par seconde sur une période de 10 minutes’’, selon Nippon.com.
Au final, pour être considérée comme un ouragan, un typhon ou un cyclone, une tempête doit atteindre des vitesses de vent supérieures à 118 km/h (soit 33m/s), jusqu’à 184 km/h. Si cela dépasse 185 km/h, celui-ci est classé en super typhon, ce qui était le cas de Shanshan, avant qu’il ne touche terre.
Chaque année, il se forme entre 20 et 30 typhons (26 en moyenne selon une étude) dans l’Océan Pacifique, dont moins d’une dizaine touche les terres japonaises. Mais cela reste une moyenne, vu que nous en sommes déjà à 10 en 2024. Au Japon, la saison des typhons s’étend de fin juin à octobre, la fin de l'été étant particulièrement propice au phénomène, car l'océan est alors particulièrement chaud, même si, d’après le site georisques.gouv.fr, les typhons peuvent se manifester tout au long de l’année dans le bassin Pacifique Nord-Ouest, qui comprend les Philippines, le Vietnam, la Chine, le Japon, la Corée, l’île de Guam et le Cambodge.
Je vous invite à découvrir le site Cyclone extrême, qui recense l’intégralité de ces phénomènes. Ainsi, il indique qu’en 2023, 17 systèmes cycloniques se sont formés dans ledit bassin, dont 12 typhons.
Le saviez-vous ?
Les cyclones tropicaux sont dénommés pour faciliter la communication entre les prévisionnistes et le public pendant un épisode pour les prévisions et les alertes. Toutefois, au Japon, les typhons sont numérotés et non nommés.
Par sa position au sud-ouest, l'île de Kyūshū est particulièrement touchée, ainsi que les régions de Chūbu et Chūgoku. Il faut savoir que, malgré leur nombre, beaucoup de ces typhons, redevenant, pour beaucoup, des tempêtes tropicales lorsqu’ils touchent terre, sont moins dangereux qu’il n’y parait. Attention, je ne dis aucunement que cela ne l’est pas, il faut prendre ses précautions, éviter de sortir et bien écouter les recommandations des autorités.
Les typhons peuvent durer de quelques heures à plusieurs jours, toutefois, la plupart n'excède pas une journée. Il existe des exceptions, cela va sans dire, et Shanshan en fait partie. Mais tout est fait pour que cela se passe au mieux. Comme nous avons pu le constater, les compagnies aériennes, ferroviaires ou de bus prennent leurs responsabilités et annulent les liaisons, les autoroutes, les magasins sont fermés, les maison barricadées…
Les dégâts sont, le plus souvent, dus aux pluies torrentielles, qui peuvent provoquer des éboulements, des glissements de terrain, des crues, et non au vent. Toutefois, les effets d’un typhon peuvent persister bien après son passage, d'où une vigilance accrue. Un phénomène peu connu, mais qui peut avoir d’énormes conséquences, est la houle cyclonique. Cette dernière est provoquée par les vents et se déplace plus rapidement que le typhon et est parfois observable jusqu’à 1000 km à l’avant de celui-ci. On en fait souvent mention lorsque des cyclones s’approchent de l’île de la Réunion, comme Belal en 2024. Si cela vous intéresse, je vous invite à lire ce document d’Adrien Colomb, prévisionniste Cyclone, et regarder ce reportage de la chaine YouTube Réunion la 1ère. Selon Météonews, avec Shanshan, la houle cyclonique a atteint les 12 mètres.
Les japonais ont, comme pour les tremblements de terre et les tsunamis, l’habitude des typhons. Malheureusement, me direz-vous. De nouvelles méthodes de construction ont ainsi été conçues au fil des décennies. Le site JapanRailPass rappelle : ‘’Depuis 1981, tous les bâtiments japonais doivent être conformes à une série de règles concernant leur conception et leur construction. Ils sont construits pour résister aux secousses, aux vents, aux typhons et aux chutes de neige. Les routes et les bâtiments sont construits pour permettre à l’eau de s’écouler sans endommager la structure. Des moyens de défense côtiers ont été ajoutés pour faire face aux marées de tempête.’’.
Les préfectures, voire les communes, proposent des manuels d’instructions et organisent régulièrement des exercices de sécurité pour préparer les habitants aux situations d’urgence. Des systèmes de sirènes ont été mis en place pour prévenir les populations de l’approche d’une tempête. Un système d'alerte à cinq niveaux d’alerte, relayé par l’Agence météorologique japonaise (JMA), ainsi que par les autorités locales, a été mis en place, afin que les habitants puissent prendre les mesures adéquates.
J’ai moi-même ‘’expérimenté’’ un typhon lors de mon séjour de 2017 et, s’il est vrai que cela a quelque peu perturbé notre trip dans le Kansai, à cause des trombes d’eau, il n’a pas gâché notre séjour pour autant. Si vous êtes en vacances, lors de l’arrivée d’un typhon, Ichiban Japan donne des conseils sur son site, comme suivre les informations diffusées à la télévision et/ou sur le site de l’agence météorologique japonaise, afin de connaitre le moment exact du passage du typhon, faire des provisions avant l’arrivée de celui-ci (j’ajouterais l’achat d’un kit d’urgence, on ne sait jamais) et rester dans son hébergement durant son passage. Rien de bien compliqué.
Plus largement, le Japon étant un pays où les risques liés aux tremblements de terre et autres tsunamis existent quotidiennement, renseignez-vous et suivez les conseils que peuvent vous donner les sites d’informations, tel NHK World Japan, Nippon.com et France Diplomatie, pour les voyageurs français. Je vous conseille également la page dédiée sur le site de l'Office de tourisme japonais (JNTO).
Le typhon Phanfone a traversé les Philippines la veille de Noël et le jour de Noël, en 2019 © Météo France
Pour en revenir à Shanshan,
Au 30 août 2024, si la vitesse des vents a baissé, elle reste supérieure à 120 km/h. Six personnes auraient trouvé la mort, même si le porte-parole du gouvernement japonais, Hayashi Yoshimasa, indique, que dans un cas, ‘’le lien avec le typhon était toujours en cours d’étude’’ et plus de 90 ont été blessées. Ce vendredi matin, l’opérateur de services publics a annoncé que seulement 6 500 étaient toujours sans électricité sur Kyūshū.
Plus de cinq millions de personnes ont été invitées à évacuer, suite à l’alerte maximale contre le risque d'inondations et glissements de terrain, lancée par les autorités.
Il continue sa lente remontée et de fortes précipitations et des vents violents balaient déjà l’ouest et l’est du Japon. Selon la NHK, le Kantō n’est pas épargné : ‘’Dans le quartier de Shibuya à Tōkyō, les rafales ont apparemment brisé un arbre géant à sa base.’’ et ‘’Au cours des prochaines 24 heures, jusqu'à samedi matin, la région de Shikoku pourrait recevoir environ 400 millimètres de pluie. La région du Tokai pourrait, elle, en recevoir jusqu'à 300 millimètres.’’.
SOURCES
nippon.com, kotoba.fr, 3.nhk.or.jp, infoslocalesaujapon.org, georisques.gouv.fr
PHOTO DE COUVERTURE
Image satellite d’un typhon © Jeff Schmaltz, MODIS Rapid Response Team, NASA/GSFC